09.09.03
Interventions urgentes

Chili-Communiqué: 11 septembre 1973-11 septembre 2003, 30 ans d’impunité.

COMMUNIQUE DE PRESSE


Aux représentants de la presse

Genève, le 9 septembre 2003



Chili : 11 septembre 1973-11 septembre 2003, 30 ans d’impunité.

A l’occasion de l’anniversaire des 30 ans du coup d’Etat militaire au Chili perpétré par la junte dirigée par le Général Augusto Pinochet, l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) fait un constat amer de la lutte contre l’impunité dans le continent sud américain.

Si, depuis une dizaine d’années, toutes les dictatures du continent sud américain ont laissé la place à des démocraties, celles-ci restent cependant très fragiles, notamment en raison du fait que pratiquement aucune d’entre elle n’a su ou voulu affronter les démons du passé en permettant le jugement des auteurs des crimes commis durant les années noires. Au contraire, nombre d’entre ces Etats ont fait voter des lois garantissant l’impunité aux responsables. Les victimes ou les familles des victimes qui nourrissent des ressentiments importants à l’égard de leurs autorités qui ne leur ont jamais rendu justice, ne peuvent faire le deuil de ces années noires.

C’est pourquoi l’OMCT se réjouit de la récente abolition des lois dites du « point final » et du « devoir d’obéissance » en Argentine, qui ouvre la voie au jugement des tortionnaires. Au Pérou, le rapport de la commission qui a enquêté sur les crimes commis ces vingt dernières années vient d’être rendu, incriminant à la fois le Sentier Lumineux et les autorités, accusées par le rapport d’avoir organisé un véritable terrorisme d’Etat.

Cependant, d’autres pays, tels le Chili, le Paraguay, l’Uruguay, le Brésil, le Mexique et le Guatemala font preuve d’une déficience chronique dans la volonté de juger les anciens criminels. Au Guatemala, l’ancien dictateur Rios Montt, vient de bénéficier d’un jugement favorable de la Cour Suprême qui l’autorise à se présenter aux élections générales de novembre 2003, alors que la Constitution du pays le lui interdit, en raison du fait qu’il avait organisé le coup d’Etat qui le porta au pouvoir en 1982. Le Général Rios Montt, entre temps, n’a jamais été jugé pour ses crimes.

Enfin au Chili, de querelles de procédure en querelles de procédures, le Général Pinochet aura été définitivement épargné par la justice de son pays, la sénilité mentale récemment retenue par les experts l’empêchant à jamais de comparaître.

Devant ces constats peu encourageants, l’OMCT réitère son engagement dans la lutte contre l’impunité, en considérant qu’une bonne transition démocratique ne peut se faire que dans la réconciliation nationale, et celle-ci passe automatiquement par le jugement des criminels et la reconnaissance des victimes.



Contact OMCT : Christine Ferrier +41 22 809.49.39