30.06.25
Communiqués de presse

Indice mondial de la torture de l’OMCT : des schémas alarmants de violences policières et d’impunité systémique à travers le monde

Accédez à l’Index mondial de la torture via ce lien et lisez les principaux points à retenir.

Genève, le 25 juin 2025 : À la veille de la Journée des Nations Unies pour le soutien aux victimes de la torture, l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) lance l’Indice mondial de la torture – un outil inédit conçu pour rendre visible le risque de torture et transformer la lutte mondiale contre ce fléau.

Développé en collaboration avec 90 organisations de la société civile locales et des experts disposant de connaissances spécifiques à leurs pays – dont beaucoup travaillent directement avec des survivants de la torture – l’Indice débute avec des données provenant de 26 pays. Il constitue à ce jour la source d’informations la plus complète, fondée sur des données probantes sur les risques et la réalité de la torture et d'autres formes de mauvais traitements.

Malgré la ratification de la Convention des Nations Unies contre la torture par 175 pays, la torture et les traitements cruels, inhumains ou dégradants se poursuivent dans les postes de police, les prisons, lors de manifestations publiques, en période de conflit armé et dans les opérations policières quotidiennes. L’Indice met en lumière cette réalité persistante, offrant aux décideurs politiques, journalistes et défenseurs des droits humains des informations exploitables pour promouvoir des réformes.

Constats clés à l’échelle mondiale :

  • Niveaux de risque de torture : Bahreïn, la Biélorussie, le Salvador, l’Éthiopie, la Libye et la Fédération de Russie présentent les niveaux de risque les plus élevés parmi les 26 pays évalués.
  • Volonté politique : Deux pays examinés – la Malaisie et l’Inde – n’ont pas encore ratifié la Convention des Nations Unies contre la torture, ce qui compromet l’existence d’un cadre juridique crédible pour l’éradication de la torture.
  • Décès et blessures liés à la police : Les 26 pays signalent des décès et/ou des blessures causés par la police au cours de l’année écoulée, y compris en détention. Des cas fréquents ont été recensés au Honduras, en Argentine, au Mexique et aux Philippines.
  • Usage excessif de la force aux frontières : La Libye, l’Espagne, la Biélorussie, la Tunisie et la Hongrie signalent des cas fréquents de recours excessif à la force par les autorités, y compris des actes de torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants envers les migrants. Des décès ont été enregistrés aux franchissements des frontières en Biélorussie et en Tunisie.
  • Détention à haut risque : La détention au secret – sans contact avec l’extérieur – est courante dans 14 pays. Les décès en détention et la surpopulation carcérale (dépassant les 120 % de capacité) sont également répandus.
  • Enfants en danger : Dans 10 pays, les enfants détenus subissent des contraintes physique, des fouilles dégradantes et l’isolement cellulaire.
  • Obstacles à la justice : La justice demeure inaccessible pour les victimes de torture. Dans 70 % des pays étudiés, les victimes sont confrontées à un manque de reconnaissance, à l’intimidation ou à des représailles lorsqu’elles tentent d’obtenir réparation. Seuls deux pays sur les 26 fournissent un soutien psychologique aux victimes durant les enquêtes ou les procès.
  • Défenseurs des droits humains ciblés : Dans six pays – le Honduras, le Cameroun, la Libye, la Biélorussie, la Colombie et l’Éthiopie – les défenseurs sont fréquemment menacés et maltraités, y compris par des actes de torture. Le harcèlement judiciaire est courant, et dans 17 pays, les défenseurs sont régulièrement visés par les tribunaux. Au cours des trois dernières années, des défenseurs des droits ont été contraints à l’exil dans 11 pays, dont le Honduras, le Pakistan, le Mexique, l’Espagne, la Biélorussie, la Colombie, les Philippines, le Togo, la Tunisie, la République démocratique du Congo et l’Éthiopie.
  • Manque de données : De nombreux pays évitent de qualifier certains actes de torture, préférant affirmer que « pas de données signifie pas de torture ». Reconnaître le risque de torture, collecter et publier les données pertinentes est une étape essentielle pour la prévenir.

« L’Indice est un baromètre de la résilience de l’État de droit en période de montée de l’autoritarisme, de polarisation et d’inégalités », déclare Gerald Staberock, Secrétaire général de l’OMCT. « Il reflète à quel point nos sociétés sont justes, saines et sûres. »

« Aucun des 26 pays – quelle que soit sa région, son système politique ou sa société – n’est à l’abri de la tentation de recourir à la torture, » souligne Verónica Hinestroza, experte associée à l’Omega Research Foundation et membre du Comité de pilotage de l’Indice mondial de la torture. « En fournissant des données et des analyses sur le risque de torture, nous sortons cette pratique de l’ombre. L’Indice n’est pas qu’un outil de mesure – c’est un appel à l’action lancé aux gouvernements et aux sociétés pour mettre fin à cette pratique interdite. »

« Pour commencer, la transparence et le contrôle indépendant sont essentiels pour mettre fin à la torture et l’impunité. L’Indice met en évidence les progrès réalisés – et les réformes urgentes nécessaires pour protéger les droits et la dignité de chacun, » ajoute Dr. Uju Agomoh, fondatrice et directrice de PRAWA et présidente du Comité de pilotage de l’Indice. « Nous invitons tous les pays évalués à engager un dialogue sur les moyens d’améliorer leurs lois, politiques et pratiques afin de prévenir la torture et de protéger leur population. »

« On ne peut pas éradiquer la torture quand ceux qui sont en première ligne sont harcelés, menacés ou contraints à l’exil pour leur travail auprès des survivants, » insiste Henri Tiphagne, directeur exécutif de People’s Watch–HRDA et membre du Comité de pilotage de l’Indice. « L’Indice est un appel à protéger ceux qui osent s’exprimer – et à veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte dans la lutte contre la torture. »

L’Indice révèle qu’une réforme juridique, des mécanismes de contrôle indépendants et dotés de ressources suffisantes, la disponibilité de données officielles, ainsi qu’un accès sans restriction aux lieux de détention sont nécessaires de toute urgence dans l’ensemble des 26 pays évalués.

Pour plus d’informations ou pour demander une interview, veuillez contacter : Francesca Pezzola, Directrice de la communication, OMCT – fpe@omct.org

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