Égypte
10.11.16
Interventions urgentes

Déclaration Conjointe Les Organisations de la Société Civile Condamnent les Interdictions de Voyager Imposées aux Défenseurs des Droits Humains en Egypte

DÉCLARATIONCONJOINTE

LES ORGANISATIONSDE LA SOCIETE CIVILE CONDAMNENT LES INTERDICTIONS DE VOYAGER IMPOSEES AUXDEFENSEURS DES DROITS HUMAINS EN EGYPTE

Les organisationssoussignées condamnent fermement l’interdiction de voyager dont fait l’objetMalek Adly, éminent avocat égyptien spécialiste des droits humains et directeurdu réseau des avocats du Centre égyptien des droits économiques et sociaux (ECESR).

Le 2 novembre2016, alors que son passeport avait déjà été cacheté au hall des départs del’aéroport international du Caire, Malek Adly a été informé par les serviceségyptiens de sécurité qu’il faisait l’objet d’une interdiction de voyager et aété empêché d’embarquer. Sans que les motifs justifiant l’interdiction devoyage lui aient été exposés, il a été interrogé par les services de sécuritéet ses bagages ont été fouillés.

Nos organisationsdénoncent l’utilisation systématique, par le gouvernement égyptien, desinterdictions de voyage à l’encontre de défenseurs des droits humains,journalistes et des acteurs de la société civile en Égypte comme outil visant àréprimer la société civile indépendante.

Le cas de MalekAdly n’est pas isolé : la longue liste des défenseurs des droitshumains empêchés de voyager est particulièrement préoccupante,puisque y figurent notamment des défenseurs des droits humains ainsi que desacteurs indépendants issus de la société civile, des syndicats et de la presse.

Ces mesuresrépressives systématiques imposées par le gouvernement égyptien sontsusceptibles d’entraîner l’éradication complète de la communauté des droitshumains en Égypte. Alors même que la société civile, les défenseurs des droitshumains et les syndicats indépendants constituent la pierre angulaire d’unesociété pluraliste et démocratique et qu’ils sont essentiels à la mise en œuvredes processus de réforme nationaux, le gouvernement égyptien musèle gravementl’espace civique et viole systématiquement l’État de droit en invoquant desmotifs de sécurité et de lutte contre le terrorisme. La récente décision de laCour pénale du Caire en faveur du gel des avoirsd’importantes organisations de défense des droits humains etde défenseurs des droits humains constitue l’une des évolutions les plusinquiétantes.

Dans ce contexte,nos organisations exhortent le gouvernement égyptien à :

  • Lever immédiatement l’interdiction de voyager imposée àMalek Adly ainsi qu’à tous les autres défenseurs des droits humains et auxjournalistes en Égypte pour le simple fait de se livrer àdes activités pacifiques.

  • Mettre fin à toutes les formes d'harcèlement desdéfenseurs des droits humains, des journalistes et de la société civile, libérerl’ensemble des militants politiques et des droits humains détenus en Égypte etrévoquer immédiatement et inconditionnellement le gel des avoirs décidé dansle cadre de l’affaire no173/2011, connue sous le nom d’« affaire desfinancements étrangers ».

En outre, dans lecadre de la coopération bilatérale UE-Égypte, nous appelons les institutionseuropéennes et les États membres à :

  • Exhorter legouvernement égyptien à lever les interdictions de voyager età mettre fin à l’ensemble des mesures de harcèlement judiciaire etadministratif liées à l’affaire des financements étrangers.
  • Faire duclassement de l’affaire des financements étrangers une condition à la poursuiteet à la conclusion des priorités du partenariat entre l’Union européenne etl’Égypte ainsi qu’à la tenue d’un Conseil d’association.
  • Libérer tous lesjournalistes et défenseurs des droits humains détenus en Égypte.