Algérie
16.11.00
Interventions urgentes

Algérie: Violences policières / Poursuites judiciaires

ACTION URGENTE - L'OBSERVATOIRE

Nouvelles informations
DZA 002 / 0003 / OBS 015 . 03
Violences policières / Poursuites judiciaires
Algérie
Le 16 novembre 2000

L'Observatoire est vivement préoccupé par la répression dont ont été victimes les proches de familles de disparus d'Oran et de Relizane venus manifester le 15 novembre 2000 à Oran.

Selon les informations reçues, environ 300 personnes s'étaient rassemblées devant le Palais de Justice d'Oran à 9h00, à l'occasion de la venue de représentants d'Amnesty International en mission et de Me Ali-Yahia Abdenour, Président de la Ligue algérienne pour la Défense des droits de l'Homme.

Ce rassemblement à été dispersé sans sommation par les forces de police. Deux femmes et un enfant ont été blessés. Quatre femmes, ainsi qu'un jeune homme qui tentait de s'interposer pour protéger sa mère alors maltraitée, ont été arrêtés et emmenés au Commissariat central d'Oran.

Les quatre femmes ont été libérées à 16h. Cependant, le jeune homme, Lahmar Abbou Amine, fils de M. Lahmar Abbou Noureddine, disparu, a été gardé au Commissariat et a fait l'objet d'un mandat de dépôt le 16 novembre au matin.

Il est appelé à comparaître le 18 novembre 2000, pour " flagrant délit de coups et blessures volontaires contre un officier de police dans ses fonctions ".

Ces faits contredisent une fois de plus les déclarations émanant des autorités algériennes selon lesquelles elles souhaitent que toute la lumière soit faite sur les cas de disparitions.

L'Observatoire appelle donc avec force la communauté internationale à se mobiliser pour que soit mis un terme, au plus vite, au harcèlement systématique dont sont victimes ces familles.

Rappel des faits :

L'Observatoire avait été informé qu'une manifestation de familles de disparus avait été violemment dispersée le 17 juin 2000.

Près d'une centaine de femmes, convoquées au tribunal de Hussein Dey à Alger, avaient décidé d'entamer une marche jusqu'à la Maison de la presse d'Alger lorsqu'elles avaient appris que l'audience était reportée en septembre. Ces femmes avaient été convoquées dans le cadre de procédures ouvertes par le Parquet d'Alger, visant à statuer sur le cas de disparus.

Pendant la marche, une femme avait reconnu un policier en civil au sein du cortège et une échauffourée s'en était suivie. Les policiers avaient alors dispersé violemment la manifestation, plusieurs femmes avaient été battues et au moins trois d'entre elles avaient été grièvement blessées.

Auparavant, le 22 mars 2000, des manifestants présents sur la place de la wilaya (préfecture) de Relizane, soit une quarantaine au total, avaient été arrêtés par la police, conduits au commissariat pour y être interrogés avant de devoir signer un procès-verbal que la plupart d'entre eux, ne sachant pas lire, n'avait pu comprendre.

Il avait été reproché au représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), entendu également par la police, d'avoir provoqué des troubles à l'ordre public.

Ces événements faisaient suite à une première vague d'arrestations survenue lors d'un rassemblement similaire de membres des familles de disparus le 15 mars 2000 à Relizane.

Actions demandées :

i.- faire cesser immédiatement toute forme de violence et de répression à l'encontre des défenseurs des droits de l'Homme, y compris des familles de disparus;

ii.- procéder à la libération immédiate de Lhamar Abbou Amine et abandonner toutes poursuites judiciaires à son encontre étant donné leur caractère arbitraire ;

iii.- garantir aux défenseurs des droits de l'Homme la liberté d'expression et le droit d'association et de réunion conformément à l'article 6 et 5 de la Déclaration sur la protection des défenseurs des droits de l'Homme, adoptée le 9 décembre 1998, par l'Assemblée générale des Nations unies ;

iv.- respecter les normes du droit international et les instruments juridiques régionaux auxquels l'Algérie a souscrit.

Adresses:

M. Bouteflika, Président de la République. Fax: (+213 2) 59 25 79

M. Yazid Zerhouli, Ministre de l'Intérieur, Ministère de l'Intérieur, 18 rue Docteur Saâdane, Alger, Algérie. Fax (+213 2) 73 61 06

M. Ahmed Ouyahia, Ministre de la Justice, Ministère de la Justice, 8 Place Bir-Hakem El-Biar, Alger, Algérie. Fax (+213 2) 92 55 57


Paris - Genève, le 16 novembre 2000

Merci de bien vouloir informer l'Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L'Observatoire, programme de la FIDH et de l'OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l'Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L'Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l'Homme de la République Française.

Pour contacter l'Observatoire, appeler La Ligne d'Urgence : Fax 33 (0) 1 55 80 83 92 Tel FIDH 33 (0) 1 43 55 20 11 OMCT + 4122 809 49 39
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