Algérie
20.11.00
Interventions urgentes

Algérie: Poursuites judiciaires / Condamnation de Lahmar Abbou Amine

APPEL URGENT - L'OBSERVATOIRE

Nouvelles informations
DZA 002 / 0003 / OBS 015. 04
Poursuites judiciaires / Condamnation
ALGERIE
Le 20 novembre 2000

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, programme conjoint de la FIDH et de l'OMCT, vous prie d'intervenir d'urgence à propos de la situation suivante en Algérie.

Nouvelles informations :

L'Observatoire a été informé que M. Lahmar Abbou Amine, fils d'un disparu, a été condamné le 18 novembre 2000, à une peine d'un an d'emprisonnement par le Tribunal d'Oran, pour violences physiques et verbales à l'encontre d'un policier.

Le procès a eu lieu au mépris des règles du droit à un procès juste et équitable, M. Lahmar Abbou Amine ayant été jugé de façon expéditive, en 10 minutes. Le report demandé par son avocat - constitué en dernière minute - afin de préparer sa défense a été refusé par le Président du Tribunal.

Un appel de cette décision a été interjeté.

En réaction à cette condamnation, et afin d'obtenir la libération de M. Lahmar Abbou Amine, la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH) a annoncé que les membres du bureau de la LADDH et les Comités des familles de disparus d'Oran et de Relizane entameront une grève de la faim le 21 novembre 2000 devant le siège de la Cour d'Oran. Cette grève de la faim sera relayée par l'ensemble des comités de familles de disparus dans l'ensemble du pays le 22 novembre, qui a été décrété journée nationale de protestation.

Rappel des faits :

L'Observatoire avait été informé de l'arrestation de Lahmar Abbou Amine, lors d'un rassemblement de proches de familles de disparus d'Oran et de Relizane venus manifester le 15 novembre 2000 à Oran.

Selon les informations reçues, environ 300 personnes s'étaient réunies devant le Palais de Justice d'Oran et avaient été dispersées sans sommation par les forces de police. Deux femmes et un enfant avaient été blessés. Quatre femmes avaient été arrêtées puis libérées peu après. Lahmar Abbou Amine, fils de M. Lahmar Abbou Noureddine, disparu, avait été arrêté, alors qu'il tentait de s'interposer pour protéger sa mère, maltraitée par un policier. Il avait été gardé au Commissariat et avait fait l'objet d'un mandat de dépôt le 16 novembre au matin.

Auparavant, l'Observatoire avait été informé qu'une manifestation de familles de disparus avait été violemment dispersée le 17 juin 2000. Près d'une centaine de femmes, convoquées au tribunal de Hussein Dey à Alger, avaient décidé d'entamer une marche jusqu'à la Maison de la presse d'Alger lorsqu'elles avaient appris que l'audience, visant à statuer sur le cas de disparus, était reportée en septembre. Pendant la marche, une femme avait reconnu un policier en civil au sein du cortège et une échauffourée s'en était suivie. Les policiers avaient alors dispersé violemment la manifestation, plusieurs femmes avaient été battues et au moins trois d'entre elles avaient été grièvement blessées.

Le 22 mars 2000, des manifestants présents sur la place de la wilaya (préfecture) de Relizane, soit une quarantaine au total, avaient été arrêtés par la police, conduits au commissariat pour y être interrogés avant de devoir signer un procès-verbal que la plupart d'entre eux, ne sachant pas lire, n'avait pu comprendre. Il avait été reproché au représentant de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (LADDH), entendu également par la police, d'avoir provoqué des troubles à l'ordre public.

Ces événements faisaient suite à une première vague d'arrestations survenue lors d'un rassemblement similaire de membres des familles de disparus le 15 mars 2000 à Relizane.

Actions demandées :

i.- faire cesser immédiatement toute forme de violence et de répression à l'encontre des défenseurs des droits de l'Homme, y compris des familles de disparus;

ii.- procéder à la libération immédiate de Lhamar Abbou Amine et veiller à ce que les charges retenues à son encontre soient abandonnées étant donné leur caractère arbitraire ;

iii.- garantir aux défenseurs des droits de l'Homme la liberté d'expression et le droit d'association et de réunion conformément à l'article 6 et 5 de la Déclaration sur la protection des défenseurs des droits de l'Homme, adoptée le 9 décembre 1998, par l'Assemblée générale des Nations unies ;

iv.- respecter les normes du droit international et les instruments juridiques régionaux auxquels l'Algérie a souscrit.

Adresses:

S.E. M. Bouteflika, Président de la République. Fax: (+213 2) 59 25 79

M. Yazid Zerhouni, Ministre de l'Intérieur, Ministère de l'Intérieur, 18 rue Docteur Saâdane, Alger, Algérie. Fax (+213 2) 73 61 06

M. Ahmed Ouyahia, Ministre de la Justice, Ministère de la Justice, 8 Place Bir-Hakem El-Biar, Alger, Algérie. Fax (+213 2) 92 55 57

Paris - Genève, le 20 novembre 2000

Merci de bien vouloir informer l'Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.
L'Observatoire, programme de la FIDH et de l'OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l'Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. L'Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l'Homme de la République Française.

Pour contacter l'Observatoire, appeler La Ligne d'Urgence : Fax : 33 (0) 1 55 80 83 92
Tel FIDH 33 (0) 1 43 55 20 11 OMCT + 4122 809 49 39 E.Mail: observatoire@iprolink.ch