Algérie
09.10.19
Interventions urgentes

Communiqué de presse : Répression généralisée du mouvement de protestation en Algérie : les défenseurs des droits humains ciblés par le régime


Paris, Genève,Alger, le 9 octobre 2019 – Dans un contexte de répression croissante desmanifestations pacifiques par les forces de l’ordre algériennes, des centainesde personnes ont été arbitrairement arrêtées depuis début septembre, dont denombreux défenseurs des droits humains. L’Observatoire pour la protection desdéfenseurs des droits de l’Homme (FIDH-OMCT) appelle à leur libérationimmédiate et inconditionnelle ainsi qu’au respect des libertés d’expression, deréunion et de manifestation qui sont, à deux mois des électionsprésidentielles, grandement menacées en Algérie.


© AFP


Le 6 octobre 2019, MM. Hakim Addad,Massinissa Aissous, Djalal Mokrani, Ahmed Bouideret Kamel Ouldouali, ont été placés sous mandat de dépôt par le TribunalSidi M’hamed d’Alger. Ces cinq membres de l’association Rassemblement actionjeunesse (RAJ) sont accusés d’ « atteinte à l’unité nationale ». MM. KarimBoutata et Ahcene Kadi, également membres du RAJ, sont incarcérés àAlger depuis le 28 septembre pour « diffusion de publications attentatoires à l'unité et à l'intégrité nationale ». MM. Wafi Tigrine et KhireddineMedjani sont eux détenus à Alger depuis le 13 septembre.

Le journaliste et lanceur d’alerte SaidBoudour, membre de la section d’Oran de la Ligue algérienne pour la défensedes droits de l’Homme (LADDH, membre de la FIDH) et du Comité anti-répressiond’Oran, a été placé en garde à vue le 6 octobre pour une publication surFacebook. Accusé de « chantage »,« atteinte au moral de l’armée » et « incitation au boycott desélections », il a été remis en liberté provisoire le lendemain. Son confrère Fodil Boumala, figureemblématique du mouvement citoyen qui n’a eu de cesse de dénoncer lesarrestations arbitraires, a lui été arrêté le 18 septembre et reste incarcéré àla prison d’El Harrach.

L’activiste et figure phare du “mouvement du 22 février”(Hirak) à l’origine des manifestations populaires contre le régime deBouteflika, Samir Belarbi, a lui été arrêté le 16 septembre et accusé d’« atteinte à l’intégrité territoriale »et de « diffusion ou détention de publication portant atteinte à l’intérêtnational ». Il se trouve actuellement à la prison d’El Harrach où ilattend son procès. Avant lui, un autre militant du Hirak et figure del’opposition au régime, M. Karim Tabbou, avait été arrêté le 12septembre pour «atteinte au moral de l’armée ». Relâché puis ré-arrêtépour « incitation à la violence », il est détenu à la prison de Koléaet sa détention a été confirmée par un juge d’instruction d’Alger le 2 octobre.

A deux mois des électionsprésidentielles du 12 décembre, cette vague d’arrestations arbitraires, qui aclairement pris pour cible les défenseurs des droits humains, est un trèsmauvais signal pour une éventuelle transition vers la démocratie en Algérie. Lerégime en place tente par tous les moyens de se maintenir au pouvoir etd’étouffer le mouvement de contestation pacifique en cours, instaurant unclimat de peur par la répression”, a déclaré Alexandra Poméon, Responsablede l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme à laFIDH. “Les libertés d’expression, de réunion et de manifestation doiventêtre rétablies au plus vite à travers le pays”.

Nous appelons à lalibération immédiate et inconditionnelle des défenseurs des droits humainsarbitrairement détenus et rappelons que leurs droits procéduraux doivent êtrerespectés en toutes circonstances”, a déclaré Gerald Staberock, Secrétairegénéral de l’OMCT.

Depuisfévrier 2019, un mouvement de contestation populaire de grande ampleur ou Hiraks’est développé contre la candidature du Président Abdelaziz Bouteflika à uncinquième mandat, puis contre son projet de se maintenir au pouvoir dans lecadre d’une transition à l’issue de son quatrième mandat. Des manifestationspopulaires et pacifiques, d’une ampleur inédite, se tiennent depuis tous lesvendredis à travers le pays.

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme(l'Observatoire) est un partenariat créé en 1997 par la FIDH et l'Organisationmondiale contre la torture (OMCT) et vise à intervenir pour prévenir ouremédier aux situations concrètes de répression contre les défenseurs desdroits de l'Homme. La FIDH et l'OMCT sont toutes deux membres deProtectDefenders.eu, le mécanisme de l'Union européenne pour les défenseurs desdroits de l'Homme mis en œuvre par la société civile internationale.

Pour plus d’informations, contacter :

  • FIDH : Samuel Hanryon (français, anglais) : +33 6 72 28 42 94
  • OMCT : Iolanda Jaquemet (français, anglais) : +41 79 539 41 06