Tchad
31.10.22
Rapports

Tchad : La répression violente de ces derniers jours révèle un système basé sur la torture

Depuis le 20 octobre 2022, le Tchad fait face à une vague de violations des droits humains. Les manifestations pacifiques organisées dans plusieurs villes pour demander un retour rapide à la démocratie sont violemment réprimées, faisant des dizaines de morts et des milliers de blessés. Cette nouvelle crise est symptomatique d’une culture de la violence développée par les institutions étatiques comme moyen de gouvernance et de conservation du pouvoir au cours des dix dernières années.

Depuis 2014, le Tchad déploie d’énormes moyens militaires sur son territoire pour répondre à la menace sécuritaire qui sévit dans le Sahel et dans le bassin du lac Tchad. Le pays devient ainsi le siège de la lutte contre le terrorisme dans la région. Cette approche sécuritaire s’accompagne de nombreux abus des droits humains, notamment des actes de torture et de mauvais traitements, sous couvert de préserver la stabilité régionale.

Sur le plan politique, le recours à la force est systématiquement utilisé pour réprimer les contestations politiques et sociales. Les forces de l’ordre arrêtent des opposants politiques, des défenseurs des droits humains et des responsables de la société civile. Au cours de la dernière décennie, le pays maintient donc des institutions et structures favorables à la torture et aux mauvais traitements.

Le présent rapport alternatif fait état de l’utilisation de la torture au Tchad comme pratique généralisée et structurelle et non pas seulement comme des faits isolés commis par certains fonctionnaires. La torture est perçue comme un recours utile pour une gouvernance autocrate, qui réprime les groupes armés, les partis politiques, les organisations de la société civile et les citoyens contestataires. Des systèmes d’écoute, de filature, d’intimidation et de répression se sont multipliés dans les quartiers, villes et villages du pays, normalisant ainsi des pratiques pourtant proscrites par des lois très récentes parfois conformes aux standards internationaux.

La 75e session du Comité des Nations unies contre la torture au cours duquel le rapport du Tchad sera examiné, a lieu au même moment qu’une transition, récemment prolongée de deux ans, vers de nouvelles institutions plus démocratiques. Notre rapport intitulé : Tchad, tourner la page de la torture pour écrire une nouvelle histoire, vise à suggérer les reformes institutionnelles et législatives importantes pour la réussite de cette transition notamment en matière de lutte contre la torture.

L’OMCT et les organisations du réseau SOS-Torture au Tchad, dont la Ligue tchadienne des droits de l’homme (LTDH) et l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH), qui ont contribué à la rédaction de ce rapport, espèrent que les recommandations formulées serviront de base pour introduire de véritables réformes afin de mettre un terme à la torture structurelle dans le pays.

Lire le Rapport ici

L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) est la principale coalition internationale d’ONG luttant contre la torture et les mauvais traitements. Elle compte plus de 200 membres dans plus de 90 pays. Son Secrétariat international est basé à Genève.

La Ligue tchadienne des droits de l'homme (LTDH) est l’une des plus anciennes organisations de défense des droits humains au Tchad, et membre du Réseau SOS-Torture de l’OMCT. Elle surveille et documente les cas de violations des droits humains au Tchad, notamment dans le contexte de la crise et d'usage excessif de la force.