Colombie
12.06.01
Interventions urgentes

Colombie: Tournant dans la stratégie des paramilitaires

COMMUNIQUE DE PRESSE


Genève, le 5 décembre 2001


COLOMBIE : Tournant dans la stratégie des groupes paramilitaires

A travers l’enlèvement d’un leader syndical, les paramilitaires franchissent un nouveau pas en se présentant comme garants de la justice dans les zones sous leur contrôle



Le 3 décembre 2001, dans une lettre adressée à la guérilla et à Camilo Gómez Alzate, Haut Commissaire pour la paix de l’Etat colombien, les Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) revendiquaient la disparition de M. Aury Sara Marrugo, président de Union syndicale Ouvrière (USO) de Cartagena. (voir appel de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de l’OMCT et de la FIDH, OBS COL 021/ 0112/ OBS 100).

Cette lettre, signée par l’Etat major des AUC va bien au delà de la simple affirmation du pouvoir des paramilitaires et témoigne d’un nouveau phénomène qui inquiète vivement l’OMCT.

En effet, à travers la revendication de la disparition du leader syndical, les paramilitaires ne se sont pas seulement positionnés une nouvelle fois comme partie intégrante du conflit. Ils ont également affirmé, et ceci constitue un fait majeur, qu’ils sont prêts à délivrer M. Aury Sara Marrugo aux autorités de l’Etat colombien pour qu’il soit jugé. Les AUC prétendent que M. Sara Marrugo appartient à la guérilla et l’accusent de vol de bétail, d’extorsion et de terrorisme, entre autres. Elles ont proposé au Haut Commissaire une rencontre dans un lieu de leur choix où elles livreraient M. Sara Marrugo.

Les paramilitaires, responsables de plus de 40% des massacres en Colombie, tentent donc à travers ce geste un véritable coup d’Etat judiciaire auquel la Communauté internationale se doit de réagir de la façon la plus ferme pour qu’aucune légitimité ne puisse être accordée à leur démarche.

Le Secrétariat international de l’OMCT appelle les membres de la Commission interaméricaine des droits de l’Homme, qui se rendent en Colombie à partir du 7 décembre pour évaluer les questions relatives au déplacement forcé, l’administration de la justice, les mesures contre le terrorisme et la paramilitarisation du pays, à veiller à ce que ce cas soit examiné. Ceci est essentiel pour éviter que les groupes paramilitaires continuent de gagner du terrain sur l’autorité de l’Etat.