Mauritanie
25.07.01
Interventions urgentes

Mauritanie: Entrave à l'emploi d'un défenseur des droits de l'homme

APPEL URGENT – L’OBSERVATOIRE

MAU 002/0107/OBS 066
Entrave dans l’emploi
République Islamique de Mauritanie
25 juillet 2001

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, vous prie d’intervenir d’urgence à propos de la situation suivante en Mauritanie.

Description des faits :

L'Observatoire a été informé de la mesure de licenciement abusif prise à l’encontre de Madame Aïssata Satiguy Sy, membre du bureau exécutif de l’Association mauritanienne des droits de l’Homme (AMDH), pour « abandon de poste ». Cette décision datée du 5 juin 2001 n’a été communiquée à l’intéressée que le 18 juillet. Madame Aïssata Satiguy Sy travaille depuis plus de 15 ans à la Caisse de sécurité sociale de Mauritanie, établissement public à caractère social et commercial. Elle a saisi l’inspection du travail.

Ce licenciement est directement lié à l’action de Madame Aïssata Satiguy Sy en faveur de la promotion et la défense des droits humains. En effet, depuis 1991, date de la création de l’AMDH, elle participe activement aux dénonciations des graves violations des droits de l’Homme perpétrées en Mauritanie.

Les pressions exercées à l’encontre de Madame Aïssata Satiguy Sy se sont cette année accrues en raison de son implication dans la préparation de la conférence mondiale sur le racisme de Durban. Elle a pris part à la conférence régionale préparatoire de Dakar puis récemment à la réunion de suivi qui s’est tenue à Genève en avril dernier.

En outre, en avril 2001, lors de sa participation à la dernière session de la Commission africaine des droits de l’Homme et des Peuples à Tripoli, Madame Aïssata Satigui Sy, avait été publiquement menacée par le Consul Général de Mauritanie. A la suite de cette réunion, sa famille a été également l’objet de pressions.

L’Observatoire considère que cette mesure prise contre Madame Aïssata Satigui Sy participe du harcèlement dont sont l’objet les défenseurs des droits de l’Homme en Mauritanie depuis plusieurs années (arrestations arbitraires, écoutes téléphoniques, violation du secret de la correspondance etc…) La répression dans l’emploi est une des méthodes utilisées fréquemment pour tenter de neutraliser tous ceux qui sur la scène nationale ou internationale s’engagent sur des dossiers aussi sensibles que la question de l’esclavage, déportations forcées, impunité, etc.

Actions demandées :

Merci d’écrire aux autorités mauritaniennes, afin de leur demander de:

i. s’assurer que Madame Aïssata Satigui Sy, à l’instar de tous les défenseurs des droits de l’homme en Mauritanie, ne soit en aucun cas l’objet de représailles en raison de ses activités en faveur des droits de l’homme, et si tel est le cas, veiller à ce qu’elle soit réintégrée au plus vite dans son emploi ;

ii. se conformer aux dispositions de la déclaration adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998 « sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’Homme et les libertés fondamentales universellement reconnus » et plus particulièrement à son article 1° qui
dispose que « chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international » ;

iii. se conformer plus généralement aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et instruments régionaux et internationaux relatifs aux droits de l’Homme qui lient la République Islamique de Mauritanie.


Adresses :

- M. le Président Maaouya Sid Ahmed Taya.
- Ministre du travail,
- Porte-parole du gouvernement, Fax: 00 243 12 61 205

Paris - Genève, le 25 juillet 2001

Merci de bien vouloir informer l'Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger

les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :
E-mail : observatoire@iprolink.ch
Tel et fax FIDH : 33 (0) 1 43 55 20 11 / 01 43 55 18 80
Tel et fax OMCT : + 4122 809 49 39 / 41 22 809 49 29