Maroc et Sahara occidental
29.07.14
Interventions urgentes

Un ministre accuse les ONG de répondre à un agenda étranger et d'entraver la lutte contre le terrorisme

LaFédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) etl’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre del’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme,expriment leur préoccupation suite au contenu équivoque et infondé desdéclarations du ministre de l'Intérieur marocain M. Mohamed Hassad devant leParlement marocain relatives aux ONG marocaines.

Lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants du15 juillet 2014, le ministre de l'Intérieur du Maroc a accusé les organisationsnon-gouvernementales (ONG) de défense des droits de l'Homme de percevoir desdons provenant de l’étranger afin de mener des actions répondant uniquement auxagendas des pays étrangers. Il a ajouté que leurs actions pouvaient nuire àl’image du pays ainsi qu'à sa sécurité.

Al'occasion d'une question sur la sécurité intérieure concernant notammentl'augmentation des actes de terrorisme, le ministre a en effet déclaré que « (l)es services de sécurité […] setrouvent confrontés, dans l'accomplissement de leurs missions, auxcomportements de certaines associations […] qui s'activent sous le couvert dela défense des droits de l'Homme, mais qui n'hésitent pas à adresser desaccusations à ces services dénuées de tout fondement, comme l'enlèvement, latorture et la détention arbitraire ».

Le ministre de l'Intérieur a ajouté queces comportements s'inscrivaient dans le cadre d'une campagne délibérée fondéesur l'élaboration et la présentation de rapports erronés ayant pour butd'amener certaines institutions et ONG internationales à prendre des positionscontre les intérêts du Maroc, y compris sur la question de l'intégritéterritoriale du Royaume. Selon M. Mohamed Hassad, cette campagne seraitfinancée par des entités étrangères.

Cettedéclaration, qui fait l'amalgame entre la défense des droits de l'Homme et leterrorisme, s'apparente à une tentative de dé-crédibilisation des organisationsengagées dans la défense des droits de l'Homme dans le pays. De tels propossont d'autant plus préoccupants que le Maroc va accueillir le Forum mondialpour les droits de l'Homme en novembre prochain.

L'Observatoire appelle les autoritésmarocaines à garantir la liberté d’association en toutes circonstances, à nepas entraver l'action des ONG de défense des droits de l'Homme ainsi qu'àprendre en considération leurs recommandations, conformément aux instrumentsinternationaux ratifiés par le Maroc (et notamment l’article 22 du Pacteinternational relatif aux droits civils et politiques), ainsi qu'à l’article5.b de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme, adoptée parl’Assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998.