Mexique
08.12.09
Interventions urgentes

Lettre ouverte de Noémie Kocher à Marisela Ortíz

Très chère Marisela, je t’envoie, à toi, ta fille et toute ta famille, en tant qu’amie, mais aussi en tant que femme, mère et marraine de ton association, mon soutien et toute ma tendresse en ces moments de douleur et de deuil cruels.

J’ai été horrifiée d’apprendre la disparition de Jesús Alfredo, ton gendre. Horrifiée d’apprendre qu’un jeune homme pouvait être enlevé à la vie dans le silence et l’indifférence totale. Abattu, en plein jour, à Ciudad Juarez. Cela s’appelle de la barbarie.

J’avais été si horrifiée d’entendre, lors de mon séjour dans cette ville en 2008, les récits des disparitions et morts insupportables de ces centaines de femmes, jeunes femmes et fillettes depuis 1993. Actes criminels indescriptibles qui restent non élucidés et impunis à ce jour. Pourquoi ?

Quelle est donc cette ville du Mexique où l’on assassine, viole et torture femmes, hommes et enfants? La vie n’a-t-elle donc là aucune valeur ? Aucun droit ? Que fait la justice mexicaine pour ses citoyens ? Quand cessera donc cette violence insoutenable ? Et quand la communauté internationale se mobilisera-t-elle enfin au lieu de fermer honteusement les yeux devant ces atrocités?

Quand ?

Marisela, tu te bats depuis si longtemps avec ton association « Nuestras Hijas de Regreso a Casa » (« Pour que nos filles reviennent à la maison »), afin que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles. Ton courage n’a d’égal que l’amour et la force qui émanent de toi. Ton combat est un exemple d’humanité, je t’admire infiniment.

Je pense de tout cœur à ta fille, à toi Marisela,
Je pense à toutes les mères, grand-mères, sœurs, filles, belles-filles qui, comme toi, pleurent une morte, un mort, à Ciudad Juarez.
Je pense à ton fils, à tous les pères, grands-pères, frères, fils et beaux-fils qui subissent les mêmes souffrances.
Je pense à Jesús Alfredo. Qui vous a quitté brutalement, ce 28 novembre.

Porque el amor, mientras la vida nos acosa,
es simplemente una ola alta sobre las olas,
pero ay cuando la muerte viene a tocar la puerta
Hay sólo tu mirada para tanto vacío,
sólo tu claridad para no seguir siendo,
sólo tu amor para cerrar la sombra.

Pablo Neruda

Noémie