Pérou
05.06.03
Interventions urgentes

Pérou: COMMUNIQUE DE PRESSE préoccupation suite au décret d’état d’urgence.

Aux représentants de la presse Genève, le 5 juin 2003 Pérou : l’Organisation Mondiale contre la Torture (OMCT) exprime sa préoccupation suite au décret d’état d’urgence pour 30 jours au Pérou. Le 27 mai 2003, Monsieur Alejandro Toledo, Président de la République du Pérou, a diffusé un message à la nation décrétant l’état d’urgence dans douze régions du pays pour une durée de 30 jours. Il a chargé les forces armées du contrôle du pays, prenant comme prétexte les grèves relatives à la grave crise économique et sociale, organisées par le syndicat unique des travailleurs de l’éducation du Pérou (SUTEP), ainsi que par les employés du pouvoir judiciaire et les paysans. L’OMCT déplore vivement cette décision qui suppose la restriction de toute une série de libertés constitutionnelles, telles la liberté et la sécurité des personnes, l’inviolabilité du domicile et la liberté de réunion et de circulation, créant ainsi une situation propice à la violation des droits fondamentaux des citoyens. L’OMCT a été informée de différents affrontements entre forces de sécurité et manifestants, notamment ceux du 29 mai dernier devant l’université de l’Altiplano à Puno, au cours desquels l’étudiant Eddy Yany Quilca Cruz est décédé. Durant ces mêmes événements, de nombreuses personnes ont été blessées, d’autres détenues, les forces de sécurité ayant eu recours à un usage disproportionné de la force. L’OMCT considère que la consolidation de la démocratie au Pérou est une tâche complexe, notamment en raison de l’héritage d’autoritarisme laissé par l’ancien président, et que construire la confiance représente un défi important. C’est pour cela que les mesures prises pour restreindre les libertés civiles et politiques, telles que l’octroi de pouvoirs extraordinaires aux forces armées, pourraient diminuer la confiance des péruviens dans leurs institutions démocratiques. L’OMCT considère qu’il est important d’introduire des politiques économiques qui prennent en compte les aspirations des travailleurs, afin d’améliorer le climat social qui règne actuellement, dont la proclamation de l’état d’urgence est la conséquence. Pour ces différentes raisons, l’OMCT prie de gouvernement péruvien de lever immédiatement l’état d’urgence, et de chercher une solution négociée pour mettre fin à la crise actuelle, dans un esprit respectueux des principes démocratiques et des droits de l’homme. De plus, l’OMCT demande qu’une enquête soit ordonnée sur les conditions de l’assassinat du jeune Eddy Yany Quilca Cruz, ainsi que sur les personnes détenues et sur toutes autres violences ayant eu lieu le 27 mai 2003. Enfin, l’OMCT demande également au gouvernement de mettre en œuvre les récentes recommandations de la Commission interaméricaine des droits de l’homme visant à garantir que la conformité de la législation antiterroriste péruvienne avec les standards établis par la Convention américaine des droits de l’homme, et de garantir le respect des droits fondamentaux des citoyens péruviens en cette période critique. Contact OMCT: Christine Ferrier Tel: +41 22 809.49.39