Espagne
21.08.01
Interventions urgentes

Espagne: expulsions arbitraires et mauvais traitements contre des enfants de la rue

EXACTIONS ENFANTS
Cas ESP 200801.EE

Le Secrétariat international de l'OMCT requiert DE TOUTE URGENCE votre intervention au sujet de la situation suivante dans la communauté autonome de Melilla en Espagne.

Brève description de la situation

Le Secrétariat international de l'OMCT est très préoccupé par les conditions dans lesquelles 10 enfants marocains de la rue ont été expulsés de la communauté autonome de Melilla en Espagne vers le Maroc entre le 27 juillet 2001 et le 4 août 2001.

Selon les informations reçues de sources fiables, les enfants, âgés de 11 à 17 ans, ont été arrêtés par la police nationale et ont été directement remis aux autorités marocaines sans la présence de leurs familles ni des services sociaux. Ils auraient ensuite été enfermés dans des cachots de la police marocaine pendant plusieurs heures et certains d’entre eux auraient subi des mauvais traitements.

Ces enfants sont les suivants : Aomar Charcamal, 16 ans, Ismail Houari, 12 ans, Halid Said Suen, 17 ans, Moasin, 14 ans, Yousef Kandouri, 11 ans, Mahamed Elmessbahy, 16 ans, Mohamed Fath Al-Lal, 12 ans, Abdali Mhite, 16 ans, Marzok Abderrazak, 15 ans, Hamaca, 14 ans.

Aomar Charcamal, par exemple, aurait vécu à Melilla pendant dix ans principalement de la mendicité. Selon les informations reçues, sa mère et ses deux frères vivent eux aussi habituellement à Melilla. Il est donc difficile de considérer que son expulsion vers le Maroc visait une réunification familiale. Aomar aurait été vu par un autre enfant le 29 juillet 2001 dans un cachot de la police nationale marocaine. Selon ce dernier, il présentait des marques évidentes de mauvais traitements et aurait déclaré avoir reçu beaucoup de coups (« muchos tortazos »).

Un autre exemple documenté est celui d’Ismail Houari. Celui-ci aurait lui aussi subi des mauvais traitements de la part de la police marocaine tandis qu’il tentait de passer à nouveau la douane en direction de Melilla.

Selon Arturo Esteban, le Délégué du Gouvernement à Melilla, la politique de rapatriement des enfants de la rue devrait se poursuivre à l’avenir.

L’OMCT souhaite rappeler qu’en ratifiant la Convention relative aux droit de l’enfant (la Convention) le 6 décembre 1990, l’Espagne s’est engagée à ce que l'intérêt supérieur de l'enfant soit une considération primordiale dans toutes ses décisions (art. 3 par. 1). En particulier, l’OMCT estime que l’Espagne est tenue de ne pas expulser des enfants de son territoire, si ces derniers risquent d’être soumis à des traitements contraires à l’art. 37 par. 1 de la Convention ou à l’art. 3 de la Convention européenne des droits de l’homme qui interdisent la torture et les peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Par ailleurs, l’OMCT souhaite rappeler que l’Espagne s’est aussi engagée à appliquer la Convention « sans distinction aucune », indépendamment, en particulier, de l’origine nationale ethnique ou sociale des enfants concernés (art. 2 par. 1)


Actions requises

Nous vous prions de bien vouloir contacter les autorités espagnoles leur demandant:

· de ne pas expulser les enfants étrangers de Melilla, lorsque cela est contraire au principe de l’intérêt supérieur de l’enfant, en particulier lorsque ces enfants sont mieux intégrés à Melilla qu’au Maroc ou lorsqu’il n’est pas certains qu’ils aient une famille d’accueil au Maroc;
· de prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l'intégrité physique et psychologique des enfants de Melilla, en particulier de ne pas expulser les enfants des rues lorsqu’ils risquent de subir des mauvais traitements dans le pays de retour;
· de prendre toutes les mesures nécessaires afin de protéger, éduquer, réhabiliter et intégrer les enfants des rues et empêcher leur criminalisation;
· d’assurer que les enfants de la rue d’origine marocaine ne subissent aucune discrimination, quel qu’en soit le fondement;
· de garantir, de manière générale, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans tout le pays, conformément aux lois nationales et normes internationales, et plus particulièrement à la Convention relative aux droits de l'enfant.

Adresses

Presidencia del Gobierno, S.E. D. José María Aznar Lopez, Complejo de la Moncloa - 28071 Madrid. Portavoz del Gobierno, Dr. Pio Cabanillas; Fax: (+ 34) 91 321 40 30

Director del Gabinete de la Presidencia, D. Carlos Aragones Mendiguchia, Complejo de la Moncloa - Madrid Fax : (+ 34).91.390.0356

Ministro del Interior - Jaime Mayor Oreja, Ministerio del Interior, Paseo de la Castellana, 5 - 28071 Madrid,
Fax : (+ 34) 91.522.1538/(+ 34).91.522.5865

Defensor del Pueblo - Fernando Alvarez de Miranda y Torres Eduardo, Defensoría del Pueblo, 31 - 28071 Madrid, Fax : (+ 34) 91 308 1158
Consejo General del Poder Judicial - Presidente Francisco Javier Delgado Barrio Marques de la Ensenada, 8 - 28071 Madrid, Fax : (+ 34) 91 310 0306

Fiscal General del Estado, Fiscalia General de Estado - Jesús Cardenal Fortuny, 4 - 28071 Madrid
Fax : (+ 34).91.319.3317

Ministro de Asuntos Exteriores - Juan Abel Matutes, Ministerio de Asuntos Exteriores, Plaza de la Provincia, 1 - 28071 Madrid, Fax (+ 34) 91 366 3856

Ministro de Justicia, Dr. Angel Acebes Paniagua, Ministerio de Justicia, Fax.: (+ 34)9 1 390 22 68

Tribunal Tutelar de Menores de Melilla, Fax: (+ 34) 95 268 05 29

Représentations diplomatiques de l'Espagne dans vos pays respectifs.

Genève, le 21 août 2001

Veuillez nous informer de toute action entreprise en citant le code de cet appel dans votre réponse.