Ouganda
26.12.19
Interventions urgentes

Deux défenseurs venus témoigner au procès contre Total sont en danger

Paris-Genève, le 26 décembre 2019 - Les deux témoins ougandais venustémoigner en France le 12 décembre dernier dans le cadre du procès intentécontre Total pour ses activités en Ouganda[1]ont désormais des raisons évidentes d'avoir peur pour leur vie, après denouvelles intimidations et actes menaçants à leur retour en Ouganda et dansleur village. Les Amis de la Terre France, Survie et l’Observatoire pour laprotection des défenseurs des droits de l’Homme (un partenariat FIDH-OMCT)expriment leur profonde inquiétude pour leur intégrité physique et morale, etdemandent que toutes les formes de persécution cessent immédiatement.

Deshommes inconnus ont tenté de s’introduire une première fois chez Fred Mwesigwa, agriculteur, tard dansla nuit du 23 décembre, et une nouvelle fois la nuit suivante, en forçant lesportes métalliques et les structures en bois de sa maison, qui ont heureusementtenu. Après leur second échec, ces hommes ont enfermé Fred Mwesigwa chez luiavec des cadenas. Suite à ces agressions, il a pu se réfugier hier dans un lieutenu secret.

Lespressions avaient commencé dès l'arrivée des deux témoins à l’aéroport deKampala : le leader communautaire JelousyMugisha avait été arrêté et questionné pendant près de 9 heures[2]. Maiselles sont donc montées d’un cran depuis leur retour chez eux à Buliisa, aucoeur de la zone où Total s'active pour développer un méga projet pétrolier.

Enparallèle, selon différents informateurs sur place, Moses Ogamhogwa, salarié deTotal Ouganda basé à Buliisa, que Total SA avait fait venir en France àl'occasion de l'audience du 12 décembre au TGI de Nanterre, propagerait desinformations mensongères auprès de la communauté au sujet de Jelousy Mugisha.En effet, ce responsable des relations avec les communautés affectéesrapporterait que ce dernier aurait menti lors de son témoignage en France.Outre les menaces qu’elles font peser sur Jelousy Mugisha, ces faussesinformations délivrées auprès des communautés créent un climat délétère deconfusion et de peur.

SelonThomas Bart, militant de Survie qui a coordonné l’enquête sur place, « Bien que rien ne permette d’incriminer Totalet ses sous-traitants, s’il devait arriver quelque chose à nos témoins, celaserait perçu sur place comme des représailles et renforcerait l’idée qu’iln’est pas possible de s’opposer au géant pétrolier lorsqu'il menace les droits des populations ».

PourJuliette Renaud, responsable de campagne aux Amis de la Terre France, « Ces nouvelles intimidations risquent dedissuader les personnes affectées de faire valoir leurs droits, ce qui estinacceptable. Nous sommes réellement inquiets pour la sécurité de ces deuxtémoins, et potentiellement celle d'autres membres de leurs communautés ».

Pourl’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme,« la sécurité des défenseurs doit être garantie, à défaut de quoi Total nedevrait pas accepter d’avancer sur ce projet ».

Survie,les Amis de la Terre France et l’Observatoire restent attentifs à la situationdes témoins et appellent à leur mise en sécurité immédiate.

[1] Total Ouganda : première audience historique sur ledevoir de vigilance, 12 décembre 2019 : https://www.amisdelaterre.org/Total-Ouganda-premiere-audience-historique-sur-le-devoir-de-vigilance.html

[2] Nouvelle intimidation d’undes témoins ougandais venu dans le cadre du procès contre Total à Paris : https://www.amisdelaterre.org/Nouvelle-intimidation-d-un-des-temoins-ougandais-venu-dans-le-cadre-du-proces.html et Arbitrary detention and release of Mr. JelousyMugisha following his testimony in France in a case against Total : https://www.fidh.org/en/issues/human-rights-defenders/uganda-arbitrary-detention-and-release-of-mr-jelousy-mugisha et https://www.omct.org/fr/human-rights-defenders/urgent-interventions/uganda/2019/12/d25643/