Viêt-Nam
28.05.01
Interventions urgentes

Vietnam: Harcèlement de trois défenseurs de la liberté religieuse

APPEL URGENT - L’OBSERVATOIRE

VTN 001/0105/OBS 042
Disparition forcée/ Détentions arbitraires/ Harcèlement
République socialiste du Vietnam
21 mai 2001


L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme, programme conjoint de la FIDH et de l’OMCT, vous prie d’intervenir de toute urgence à propos de la situation suivante au Vietnam.

Description des faits :

L’Observatoire a été informé de nouveaux actes de répression menés à l’encontre de trois défenseurs de la liberté religieuse et des droits de l’Homme au Vietnam.

Selon les informations reçues du Comité Vietnam pour la défense des droits de l’Homme, les autorités vietnamiennes ont considérablement renforcé la surveillance autour du domicile de Thich Quang Do, Président du Vien Hoa Dao - Institut pour la propagation du Dharma de l’Eglise bouddhique unifiée du Vietnam (EBUV) - à Ho Chi Minh Ville, ainsi qu’autour du lieu de détention de Thich Huyen Quang, autre membre de l’EBUV, contraint à vivre dans la cabane d’une pagode, dans la province de Quang Ngai. Toute personne leur rendant visite est minutieusement fouillée et le téléphone de Thich Quang Do a été coupé le 9 avril. Selon ce dernier, « la police secrète encercle 24 heures sur 24 le Centre Zen Thanh Minh [où il habite] et le climat est extrêmement tendu ».

Ces faits font suite à une lettre de Thich Quang Do, adressée aux autorités le 29 mars 2001, dans laquelle il demandait la libération effective de Thich Huyen Quang, placé en détention, sans charges, depuis 1982 pour avoir défendu les libertés fondamentales et la démocratie.

Thich Quang Do a notamment rappelé que le 27 novembre 1997, les membres de la Sécurité de la province de Quang Ngai avaient informé Thich Huyen Quang qu’il était officiellement « libéré » de sa détention administrative ; toutefois, la Sécurité continue d’empêcher Thich Huyen Quang de retourner à son domicile, en contradiction avec le décret 51/CP selon lequel les personnes ayant purgé leur peine peuvent retourner au lieu où leur permis de résidence était précédemment établi. Tout en prétendant que Thich Huyen Quang est libre, la Sécurité tente de « légaliser » cette détention en le forçant à demander un permis de résidence pour la « pagode-prison » où il se trouve actuellement.

Dans sa lettre, Thich Quang Do a annoncé que si Thich Huyen Quang restait détenu, il prendrait la tête d’une délégation de l’EBUV pour ramener Thich Huyen Quang jusqu’à son domicile à Ho Chi Minh Ville.

L’Observatoire rappelle que les moines de l’EBUV sont l’objet d’une répression systématique de la part des autorités vietnamiennes depuis de nombreuses années, en raison de leur engagement en faveur de la liberté religieuse, des droits de l’Homme et de la démocratie au Vietnam (Cf. rapport annuel 1999 de l’Observatoire et appel VTN 001/9909/OBS 061). Thich Quang Do, proposé pour le Prix Nobel de la Paix 2001, a été détenu plus de 20 ans et a notamment été arrêté deux fois depuis octobre 2000.

D’autre part, l’Observatoire a été informé que le Père Nguyen Van Ly a été arrêté le 17 mai 2001 dans son église de An Truyen, près de Huê, vers 5h00 du matin, alors qu’il s’apprêtait à célébrer l’office. Il a été emmené vers une destination inconnue par les membres de la Sécurité.

Le Père Van Ly était en détention administrative depuis près de trois mois, pour avoir transmis un rapport sur la liberté religieuse au Vietnam aux membres de la Commission internationale sur la liberté religieuse du Congrès américain, qui siégeait le 13 février 2001. Cette mesure a été prise conformément au décret 31/CP de 1997, qui permet de placer en détention administrative, de 6 mois à 2 ans, toute personne suspectée de porter atteinte à la sécurité nationale, sans procès préalable. Depuis la transmission de ce rapport, le Père Van Ly était victime d’une véritable campagne de diffamation orchestrée par les autorités et relayée par les médias.

Le 10 mai 2001, une interdiction d’exercer ses fonctions religieuses « durant toute la période de son assignation à résidence administrative » lui avait été signifiée.

L’Observatoire considère que ces faits constituent une violation flagrante de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée le 9 décembre 1998 par l’Assemblée générale des Nations unies qui dispose en son article 1er que « chacun a le droit , individuellement ou en association avec d’autres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’Homme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international » et en son article 6.b que « chacun a le droit […] de publier, communiquer à autrui ou diffuser librement des idées, informations et connaissances sur tous les droits de l’Homme et toutes les libertés fondamentales ».

Actions demandées :

Merci d’écrire aux autorités de la République socialiste du Vietnam et de leur demander de :

i. Procéder à la libération immédiate de Thich Huyen Quang et du Père Nguyen Van Ly, en raison du caractère arbitraire de leur détention ;

ii. mettre un terme à toute forme de harcèlement à l’encontre de Thich Quang Do , ainsi que de tous les autres défenseurs des droits de l’Homme au Vietnam :

iii. se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de l’Homme adoptée par l’assemblée générale des Nations unies le 9 décembre 1998, notamment à ses articles 1er et 6.b précités.

iv. se conformer aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et des instruments internationaux ratifiés par la république socialiste du Vietnam.

Adresses :

République socialiste du Vietnam

Ministère des affaires étrangères : Fax: + 844 825 9205
Ministère de l’intérieur : Fax : + 844 826 0774
Présidence : Fax : +844-804 4940

Vous pouvez également écrire à l’ambassade du Vietnam dans votre pays.

Paris – Genève, le 21 mai 2001

Merci de bien vouloir informer l’Observatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel.

L’Observatoire, programme de la FIDH et de l’OMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.

L’Observatoire a été lauréat 1998 du prix des Droits de l’Homme de la République Française.

Pour contacter l’Observatoire, appeler La Ligne d’Urgence :
E-mail : observatoire@iprolink.ch
Tel et fax FIDH 33 (0) 1 43 55 20 11 / 01 43 55 18 80
Tel et fax OMCT + 4122 809 49 39 / 41 22 809 49 29