“Les mesures de confinement rendent les prisonniers plus vulnérables à la torture”

De nombreuses raisons justifient le maintien de contacts sains entre les détenu·e·s et le monde extérieur. Dans beaucoup de lieux de détention, surtout lorsque les ressources sont limitées, les visites constituent l’unique source de soutien physique et matériel pour les détenu·e·s. Les familles peuvent apporter de la nourriture, des produits d’hygiène et des médicaments essentiels non fournis par les prisons.
Les visites des familles, des avocats et des ONG permettent également aux détenu·e·s de bénéficier de différents types de services juridiques, lorsque c’est nécessaire. Elles permettent aussi de dissuader le personnel pénitentiaire de porter atteinte aux droits des détenu·e·s et de réduire le risque de torture (aussi bien physique que psychologique). Les relations avec le monde extérieur encouragent la réadaptation et favorisent une réintégration efficace des détenu·e·s au sein de leur communauté après leur remise en liberté. En outre, les visites familiales apportent évidemment un soutien émotionnel, aussi bien pour le.la détenu·e que pour la famille.

Dans quelle mesure les mesures de confinement peuvent-elles accroitre le risque de torture?

Les mesures de confinement augmentent le risque de torture et de mauvais traitements, car elles maintiennent les prisons à l’abri du regard des organes de supervision. Elles provoquent aussi des retards et augmentent le nombre de détenu·e·s en attente de jugement à cause de la fermeture des tribunaux pendant les confinements, ce qui génère un problème de surpopulation. Enfin, les mesures de confinement privent les détenu·e·s du soutien émotionnel et matériel de leur famille, et les rendent plus vulnérables face à la torture.


Comment réduire le risque de contamination au Covid-19 tout en maintenant l’accès des visiteurs et des avocats aux prisons?

Il est possible de réduire le risque de Covid-19 en procédant à une désinfection complète et systématique de tous les objets qui entrent et sortent des prisons. Il est important de sensibiliser les détenu·e·s à la prévention et aux facteurs de transmission du Covid-19. Des séances de formation et de renforcement des capacités dans les prisons permettent de s’assurer que le personnel de prison adopte la bonne approche et s’efforce de combattre le virus. Les autorités carcérales doivent aussi adopter et mettre en œuvre des protocoles et des mesures qui garantissent des conditions favorables pour accueillir les visites en personne. Ces mesures comprennent la vaccination des personnes privées de liberté, des tests de dépistage du Covid-19 gratuits pour les visiteurs, des installations adaptées afin de respecter la vie privée et l’intimité et des équipements de protections individuels en nombre suffisant.

La Doctoresse Uju Agomoh est la fondatrice et directrice de Prisoners Rehabilitation and Welfare Action (PRAWA), au Nigeria.