Israël et territoires palestiniens occupés
12.10.22
Déclarations

Israel/oPT: Traitements inhumains contre le défenseur Salah Hamouri

© Abbas Momani / AFP

DÉCLARATION CONJOINTE - L'OBSERVATOIRE / LDH

Paris–Genève, le 12 octobre 2022 - L’avocat franco-palestinien et chercheur pour l’ONG Addameer, Salah Hamouri, placé en détention administrative, a été mis à l’isolement le mercredi 28 septembre 2022, après avoir démarré une grève de la faim. L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains (FIDH-OMCT) et la Ligue des droits de l’Homme (LDH) exhortent les autorités israéliennes à libérer sans condition M. Salah Hamouri.

Depuis le 10 mars 2022, Salah Hamouri est en détention administrative dans la prison de haute sécurité de Hadarim, en Israël. Il a été arrêté sans inculpations ni procès, sur la seule base d’un dossier déclaré secret que son avocat ne peut consulter, rendant ainsi sa détention illégale au regard du droit international.

Le dimanche 25 septembre 2022, 30 prisonniers, dont Salah Hamouri, ont entamé une grève de la faim pour protester contre la détention administrative qui leur est infligée ainsi qu’à 740 autres prisonnières et prisonniers palestinien.nes. En réponse à cette action, les autorités ont placé M. Hamouri à l’isolement le 28 septembre 2022. Les prisonniers doivent par ailleurs payer des amendes pour chaque jour de leur grève de la faim. Le 9 octobre 2022, 20 autres prisonniers ont rejoint la grève.

Ces mesures punitives constituent une violation de la Convention des Nations unies contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. En effet, M. Hamouri a été placé dans une cellule de 3m2 sans fenêtres ni aération. Il n’a pas de droit de visite, de cantine et ne peut changer de vêtements. Le 2 octobre 2022, un avocat a rendu visite à M. Hamouri et a pu rendre compte de ces conditions de détention inhumaines. Sa santé s'est détériorée et il a besoin de soins médicaux quotidiens mais refuse d'être examiné par les médecins des prisons israéliennes, celles-ci négligeant délibérément les détenu.e.s palestinien.ne.s. Il souffre de douleurs musculaires, de vertiges, de maux de tête, d'insomnies et a perdu environ 7kg. M. Hamouri est privé de temps en plein air et n’a pas vu la lumière du jour depuis sa mise à l’isolement.

Voici maintenant plusieurs années que M. Hamouri fait l’objet d’une répression continue exercée par les forces d’occupation israéliennes, en raison de son rôle actif dans la défense des droits humains. Au total, Salah Hamouri a passé neuf ans dans les prisons israéliennes, réparties en six épisodes de détention. Accusé en octobre 2021 de déloyauté envers l’État d’Israël, sa carte d’identité jérusalémite lui a été retirée et des tentatives pour l’expulser vers la France sont encore en cours. Il est prévu que la Cour suprême israélienne statue sur le retrait de la carte d’identité de Salah Hamouri en février 2023.

Les organisations rappellent qu'à ce jour, le gouvernement français n'a pas demandé la libération de M. Hamouri, bien qu'il ait été placé à l'isolement il y a quelques mois suite à une lettre envoyée au président français, Emmanuel Macron, lui demandant d'exiger sa libération.

Nous alertons sur le caractère inhumain du traitement réservé à M. Salah Hamouri et condamnons fermement ces mesures abusives et arbitraires. Les persécutions à son encontre semblent avoir pour unique but de le punir en raison de ses activités légitimes de défense des droits humains, notamment en faveur des prisonnier.ères politiques palestinien.nes.

L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits humains et la Ligue des droits de l’Homme appellent les autorités israéliennes à libérer immédiatement Salah Hamouri et à mettre fin à tout acte de harcèlement, y compris au niveau judiciaire, à son encontre. Les deux organisations appellent par ailleurs les autorités françaises à exiger la libération immédiate de M. Hamouri.

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La LDH - (Ligue des droits de l’Homme) est une association généraliste et indépendante, reconnue d’intérêt général, de promotion et de défense des droits fondamentaux. Elle est de tous les combats pour les libertés, la justice, les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, la défense des libertés contre les intrusions sécuritaires dans la vie privée, contre le racisme et l’antisémitisme et les différentes formes de discriminations depuis plus de 120 ans.

L’Observatoire, partenariat de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), a vocation à protéger les défenseurs des droits humains victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible. La FIDH et l’OMCT sont membres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour les défenseurs des droits humains mis en œuvre par la société civile internationale.