Sénégal
06.06.23
Déclarations

Sénégal : Des violences sur fond de tensions politiques menacent la paix sociale

Police sénégalaise ©Shutterstock

Déclaration conjointe

Dakar - Genève, 06 juin 2023

Depuis le 1er juin 2023, de violentes manifestations ont éclaté dans les rues de Dakar, Ziguinchor, Kaolack et Pout, entre autres villes Sénégal, autour du procès de l’opposant politique Ousmane Sonko. Pour réprimer ces manifestations les forces de sécurité ont fait un usage excessif de la force y compris létale qui fait craindre une escalade de la violence et des violations graves des droits humains. L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) et la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO) appellent les autorités sénégalaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre un terme à la violence, faire des enquêtes, identifier les auteurs de ces actes et les sanctionner.

Depuis 2021, les débats autour de l’éligibilité du président de la République Macky Sall à un troisième mandat suscitent d’énormes tensions politiques. Le Sénégal, qui est un modèle de stabilité politique et démocratique en Afrique, sombre peu à peu dans une spirale de violence.

En trois jours d'affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, on dénombre 16 personnes tuées, 400 blessés et plus de 593 personnes arrêtées. Les forces de sécurité ont tiré́ à balles réelles sur la foule causant la mort de manifestants y compris des mineurs. La plupart des arrestations en marge de la manifestation n’ont pas respecté les dispositions légales et n’ont aucun fondement juridique. Les organisations de défense des droits humains ont documenté de nombreuses allégations de torture et de mauvais traitement. Plusieurs réseaux sociaux, comme Facebook, WhatsApp ou Twitter, sont coupés ce qui rend difficile la documentation et la vérification des violations des droits humains.

Tout comme en mars 2021, des individus en civil connus sous le nom de “nervis” ont été repérés en train de frapper des manifestants à l’aide d’armes diverses (bâtons, matraques, gourdins, fusils) aux côtés des forces de sécurité́. Bien que qualifiés de “forces occultes” par le ministre de l’Intérieur, aucune enquête n’a été ouverte pour déterminer leur identité exacte.

On recense aussi des destructions, attaques et pillages de biens publics et privés notamment des banques et des magasins dans la banlieue de Dakar. Ces actes de vandalismes, qui ont paralysé les commerces et l’activité socioéconomique dans les grandes villes, font craindre des risques de pénurie de produits de première nécessité.

L’espace civique s’est beaucoup rétréci au Sénégal au cours des deux dernières années. A quelques mois des échéances électorales, il est urgent que les autorités créent un environnement apaisé, respectueux des droits humains et des libertés publiques.

Pour obtenir plus d’information, merci de contacter :

Claire-Marie Germain, Responsable de Communication digitale et de campagnes (pour les requêtes des médias)
cmg@omct.org

Isidore Ngueuleu, Conseiller principal en droits humains (Afrique)
icnd@omct.org