Myanmar (Birmanie)
04.06.05
Interventions urgentes

Intervention sur le travail forcé en Birmanie/Myanmar - 93e Conférence internationale du Travail

INTERVENTION ORALE DE L’ORGANISATION MONDIALE CONTRE LA TORTURE CONFERENCE INTERNATIONALE DU TRAVAIL, 93èmeSESSION COMMISSION DE L’APPLICATION DES NORMES SEANCE SUR LE TRAVAIL FORCE EN BIRMANIE/MYANMAR (CONVENTION 29) GENEVE, 4 JUIN 2005 Monsieur le Président, L’Organisation Mondiale Contre la Torture, aussi connue sous l’acronyme OMCT, coordonne un réseau de plus de 280 organisations non-gouvernementales ayant pour objectif premier de prévenir l’usage de la torture et d’autres traitements cruels, inhumains ou dégradants. L’OMCT est alarmée par l’usage continu du travail forcé en Birmanie/Myanmar, souvent accompagné de torture et d’autres types de violences physiques et psychologiques. Nous sommes extrêmement préoccupés par la situation de centaines de milliers de personnes en Birmanie/Myanmar qui sont soumises au travail forcé et à d’autres violations des droits de l’homme ou qui vivent sous la menace permanente d’y être soumises dans un future proche. Depuis 1964, le Comité d’experts a exprimé sa préoccupation face à l’usage du travail forcé en Birmanie et à l’existence d’une législation en contradiction avec la Convention 29. Cependant, aucune mesure concrète n’a été prise par le gouvernement pour mettre un terme au travail forcé. Comme l’a indiqué le Directeur général de l’OIT dans son Rapport global 2005, aujourd’hui encore il n’existe aucune volonté politique en Birmanie/Myanmar de prendre des mesures fermes contre les autorités militaires et locales qui imposent le travail forcé. Le travail forcé est toujours cruel, inhumain ou dégradant et peut être considéré comme un acte de torture per se. En Birmanie/Myanmar, il est souvent accompagné d’autres formes de torture, notamment de déplacements forcés, de viol, ainsi que de privation de nourriture et de soins médicaux ou d’autres mauvais traitements entraînant la mort, par ailleurs la résistance au travail forcé entraîne un surcroît et une aggravation des mauvais traitements, des détentions et des exécutions extrajudiciaires. De plus, il implique souvent l’exploitation sexuelle, le travail des enfants, le déminage par des travailleurs forcés, l’extorsion et l’éviction forcée des civils, et finalement des conditions de travail extrêmement dures. Des rapports récents1 émanant du terrain comportent des dénonciations d’officiers du gouvernement qui forcent les civils à monter la garde au risque de leur vie2, et d’un commandant militaire qui a battu à mort dans l’Etat du Shan un civil qui avait refusé de donner son véhicule pour du travail forcé3. Forum-Asia4 a amené la preuve d’une recrudescence de travail forcé au nord de l’Etat de Arakan dans la construction, les récoltes, le transport de matériel et dans d’autres corvées pour les militaires. L’enrôlement forcé des enfants dans l’armée, avec la menace d’emprisonnement, est aussi une pratique courante à travers le pays5. La torture en Birmanie/Myanmar n’est certes pas uniquement associée au travail forcé et elle est souvent exercée envers les activistes pro-démocratiques, les moines ou les femmes sous forme de violence sexuelle. Toutefois, l’OMCT considère que, étant donné que la torture et le travail forcé nient le respect fondamental de la dignité humaine, ils sont tous deux non seulement fortement liés dans la pratique, mais ont aussi en commun le rejet absolu des droits de l’homme les plus fondamentaux. L’OMCT demande que toutes les mesures nécessaires soient prises afin de garantir le respect par la Birmanie/Myanmar de l’interdiction absolue du travail forcé et d’autres violations des droits de l’homme qu’il entraîne. Notre organisation espère que, au cours de cette session de la Conférence internationale du travail, des mesures concrètes et fermes seront prises afin d’assurer la pleine mise en œuvre de la Convention 29 et des dispositions de la résolution de juin 2000. Merci Monsieur le Président. 1 Voir http://www.burmalibrary.org/ 2 Voir rapport du terrain de mai 2005 du Karen Human Rights Group, http://www.khrg.org/ 3 Selon les rapports de la Shan Human Rights Fondation, cités dans le rapport 2004 sur la Birmanie du Département d’Etat américain. Voir aussi http://www.shanland.org/HR/HR_Frame.htm 4 Voir rapport de Forum-Asia daté du 26 mai 2005, Back to the bad old days! Voir http://www.forumasia.org/ 5 Voir Forced Labour in Burma (Myanmar), un rapport de la Federation of Trade Unions – Burma, à la suite de la Conférence internationale du travail 2004.