Elections 2017 : des promesses non tenues qui mettent en danger les défenseurs des droits de l’Homme - Publication d’un rapport international d’enquête
Genève-Nairobi-Paris, le 3 mai 2017 - L’enlèvement, suivi de l’assassinat,du célèbre avocat kenyan engagé dans la défense des droits humains Willie Kimanien juin 2016 a choqué le monde entier, suscitant une vague d’indignation tant dansle pays que sur la scène internationale. Dans un contexte de violence et deharcèlement généralisés visant à réduire au silence toute voix critique etperpétuer l’impunité, ce n’est toutefois que la pointe de l’iceberg, déclare l’Observatoirepour la protection des défenseurs des droits de l’Homme (un partenariat OMCT-FIDH)dans son rapportde mission publié aujourd’hui.
Le Kenya, qui a adopté en 2010 une Constitutiontrès progressiste renforçant le cadre de protection des droits de l’Homme dansle pays conformément aux normes internationales, a suivi ces dernières années unevoie différente. A ce jour, les libertés consacrées par la loiconstitutionnelle n’ont toujours pas été pleinement intégrées au niveaulégislatif et, surtout, elles ne sont en pratique ni respectées, niappliquées.
« Aujourd’hui,la mise en œuvre de ce cadre progressiste demeure hélas un mirage et d’importantesaméliorations doivent encore être apportées », a déclaréGerald Staberock, secrétaire général de l’OMCT. « Malgré la mise en place d’instruments adéquats afin d’opérer un telchangement, les principales raisons de cette désillusion s’avèrent êtrel'absence de mise en œuvre et le manque de volonté politique ».
Un rapportpublié aujourd’hui par l’Observatoire fait état deniveaux élevés de violence de la part des forces de police et de sécurité, enparticulier à l’encontre des défenseurs des droits de l’Homme qui combattentl’impunité dont bénéficient les auteurs de violations des droits de l’Homme. Lerapportde mission présente plusieurs témoignages de violence, notamment des cas deharcèlement, de menaces, de torture, de disparitions forcées et d’exécutionsextrajudiciaires.
Par ailleurs, les défenseurs desdroits de l’Homme sont souvent l’objet de fausses accusations, dans le but deles intimider par l’intermédiaire d‘arrestations fréquentes, de détentions dansdes commissariats, de longs procès, de conditions de libération sous caution etdu versement des cautions punitives. Cette situation, inévitablement, met enpéril la poursuite de leurs activités légitimes de défense des droits de l’Homme.
De plus, l’absence de cadre clair réglementantles activités de la société civile, due à la non mise en œuvre de la Loi de2013 sur les organisations d’intérêt public (Public Benefit Organisations (PBO)Act), crée un vide juridique qui contraint les ONG à opérer dans unenvironnement hostile, marqué par la menace d'un retrait arbitraire de leur agrémentet d'un gel de leurs avoirs, par des attaques continuelles et des campagnes dediffamation.
« Dans un tel contexte, et à la veille des élections générales àvenir, il est urgent que les autorités kényanes reconnaissent publiquement lerôle crucial joué par les défenseurs des droits de l’Homme. Ce sont les piliersde la démocratie et les garants de l’Etat de droit. Le Kenya doit renforcer leur protection, mettre en œuvrevéritablement les réformes de la police et du secteur de la sécurité,poursuivre les auteurs, reconnaître que la législation pénale est utiliséeabusivement dans le but de harceler les défenseurs, et enfin mettre en œuvre laLoi PBO de 2013 »,a conclu Dimitris Christopoulos, président de laFIDH.
Lerapport est disponible en anglais ici.
L’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits del’Homme (l’Observatoire), partenariat de l’Organisation mondiale contre latorture (OMCT) et de la FIDH créé en 1997, a vocation à protéger les défenseursdes droits de l’Homme victimes de violations et à leur apporter une aide aussiconcrète que possible. L’OMCT et la FIDH sontmembres de ProtectDefenders.eu, le mécanisme de l’Union européenne pour lesdéfenseurs des droits de l’Homme mis en œuvre par la société civileinternationale.
Pour uneinterview, prière de contacter les interlocuteurs suivants :
· Bruxelles : PeterZangl, chargé de mission de l’Observatoire et représentant de l’OMCT auprès del’Union européenne : +41 22 809 49 39
· Nairobi : Moses Okinyi,chargé de communication d’ICJ-Kenya, +254 726 98 97 13.
Pour de plus amples informations, veuillez contacter :
• OMCT : Chiara Cosentino : +41 22 809 49 39
• FIDH : SamuelHanryon : +33 672 28 42 94