Azerbaïdjan
21.04.15
Rapports

La répression s’intensifie à l’approche des Jeux européens - Rapport de mission internationale d’enquête

Paris-Genève, 21 avril2015– La répression sur la société civile, les ONG et les journalistes s'estdramatiquement intensifiée en Azerbaïdjan ces derniers mois à l'approche desJeux européens organisés à Bakou, dénonce l'Observatoire dans un rapport rendupublic aujourd'hui. Le document présente les cas de 8 défenseurs des droitshumains emblématiques détenus arbitrairement dans le pays et revient en détailsur l'arsenal judiciaire adopté dernièrement par les autorités afin de muselertoutes les voix dissidentes.

« Tous les principauxresponsables d'ONG indépendantes ont été arrêtés. Leurs conditions de détentionsont désastreuses et l'état de santé de certains, à l'instar de Leyla Yunus etIntigam Aliyev se dégrade de façon très inquiétante », a déclaréGerald Staberock, secrétaire général de l'OMCT.

Une mission de l'Observatoire s'est rendue à Bakou enjanvier 2015 afin de rencontrer les organisations de la société civile. Malgréplusieurs demandes adressées aux autorités, la délégation n'a pas été autoriséeà rendre visite aux défenseurs détenus.

De nombreux pays de l'èrepost-soviétique ont mis en place ces deux dernières années des politiquesextrêmement répressives à l'encontre de la société civile. Ces politiques, trèslargement inspirées des lois adoptées dernièrement en Russie, sontparadoxalement appliquées dans un contexte où ces états tentent de se façonnerune image internationale positive à l'occasion d'événements politiques oupublics majeurs. Ce fut le cas en 2014 au Bélarus avec les Championnats dumonde de Hockey ou en Russie avec les Jeux olympiques de Sotchi. C'estaujourd'hui le cas en Azerbaïdjan avec les Jeux européens de juin prochain. Cesévénements doivent constituer des opportunités pour la communautéinternationale d'interpeller les autorités azéries sur les violations desdroits humains, et sur la situation des personnes et des organisations quidéfendent ces droits.

« A l'occasion des Jeux européens, nous espéronsque les plus hautes autorités des États participants sauront dénoncer lasituation des droits humains en Azerbaïdjan. C'est pourquoi nous leur demandonsofficiellement de conditionner leur participation à la cérémonie d'ouverture àla libération de tous les défenseurs des droits humains détenus »,a déclaré Souhayr Belhassen, présidente d'honneur de la FIDH, qui a mené lamission à Bakou en janvier 2015. « Le fait que l'Azerbaïdjandevienne une alternative à la Russie en approvisionnement d'énergie ne doit pasinterférer. La communauté internationale, et notamment les pays européens, se doiventd'être fermes», a-t-elle ajouté.

En Azerbaïdjan, le choix d'une politiquede plus en plus liberticide fait également écho à des événements intervenus surla scène internationale ou à ses frontières et considérés par le gouvernementcomme des « menaces » pour la stabilité du pays : Printemps arabe,grandes manifestations en Russie, en Turquie, en Ukraine et le conflit dans larégion du Haut-Karabakh.

La répression qui s’est abattue en 2014sur les ONG et leurs dirigeants a été précédée par l’adoption d’une séried’amendements législatifs visant à restreindre les activités de la sociétécivile. Certaines lois ont introduit des exigences administrativessupplémentaires et des contrôles accrus, empêchant les ONG de s’enregistrer etles exposant à des poursuites pénales si elles perçoivent des subventionsprivées (les subventions publiques ne pouvant être perçues que par des ONGenregistrées). Enfin, d'autres dispositifs législatifs permettent dorénavantaux autorités de suspendre ou d'interdire les ONG de manière arbitraire.

LeRapport est disponible en ligne sur la page de l’OMCT:

en français (Rapport_Azerbaijan_FR)

en anglais (Report_Azerbaijan_EN)

en russe (Report_Azerbaijan_RU)

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L’Observatoirepour la Protection des Défenseurs des Droits de l’Homme (OBS) a été créé en1997 par la FIDH et l’Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT).L’objectif de ce programme est celui d’intervenir pour prévenir ou remédier àdes situations de répression contre les défenseurs des droits de l’Homme.

Pouravoir plus d’information, merci de contacter :
FIDH: Lucie Kroening (français / anglais / allemand / arabe) - Tel: +33 6 48 0591 57 (Paris)
FIDH: Arthur Manet (français / anglais / espagnole) - Tel: +33 6 72 28 42 94(Paris)

OMCT: Miguel Martin Zumalacarregui (français / anglais / espagnole)– Tel: + 41 (0) 22 809 49 24 (Genève)