Cameroun
20.01.23
Communiqués de presse

Cameroun : Une victime de torture saisit les Nations unies pour obtenir justice

Communiqué de presse, Genève, 19 janvier 2023

Huit mois après sa sortie de prison, le blogueur et lanceur d’alerte Sébastien Ebala dépose une plainte devant le comité contre la torture (CAT) des Nations unies pour des actes de torture qu’il aurait subis pendant sa détention au Cameroun.

En août 2022, le groupe d’intervention judiciaire SOS-Torture en Afrique (GIJ) fondé par l’OMCT, en collaboration avec l’ONG Mandela Center International (MCI), dépose plainte pour faits de torture devant le tribunal militaire de Yaoundé. Le groupe invite les autorités camerounaises à diligenter une enquête impartiale et indépendante sur des allégations de torture émises par le bloggeur Sébastien Ebala contre les forces de l’ordre camerounaises.

Selon Sébastien Ebala, non seulement la justice camerounaise n’a pas instruit cette plainte mais, ses proches et lui-même ont subi de nombreuses menaces et intimidations depuis lors. Il décide alors de contacter l’OMCT et de saisir le Comité contre la Torture des Nations Unies.

En 2020, M. Ebala aurait été arrêté et torturé pendant plusieurs heures par le commandant de la Sécurité Militaire (SEMIL) du Cameroun, le colonel Joël Émile Bamkoui. Il aurait ensuite été détenu au secret pendant 41 jours dans une cellule du secrétariat d’État à la défense. Comme plusieurs opposants et activistes, il contestait la réélection du président de la République Paul Biya en 2018 et a appelé à des marches pacifiques pour son départ du pouvoir.

« On m’a conduit dans un lieu appelé le ”Labo” où les forces de l’ordre s’adonnent à la torture,” raconte-t-il. On m’a frappé et torturé presque à mort. Le colonel Joël Émile Bamkoui m’a même dit qu’il pouvait me tuer dans cette cellule et faire un rapport selon lequel l’opération aurait mal tourné. ».

« Depuis 2018, nous recevons de nombreuses allégations de détention au secret et de torture dans des installations gérées par l'armée et les services de renseignement au Cameroun, déclare Gerald Staberock, Secrétaire général de l’OMCT. Il devient maintenant évident que les autorités ont recours à la torture pour lutter contre l’insécurité mais aussi contre toute forme de dissidence et de contestation. Ces pratiques sont contraires au droit international et doivent cesser. »

Il s’agit de la deuxième plainte déposée par l’OMCT contre les autorités camerounaises devant le CAT en deux ans. De nombreuses autres victimes qui ont saisi les mécanismes des Nations unies et de l’Union africaine attendent toujours d’obtenir justice.

L’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) constitue la principale coalition internationale d’ONG luttant contre la torture et les mauvais traitements. Elle compte plus de 200 membres dans plus de 90 pays. Son Secrétariat international est basé à Genève, en Suisse.


Pour obtenir plus d’information, merci de contacter :

Isidore Ngueuleu, Conseiller principal aux droits humains pour la région Afrique
icnd@omct.org

+41 76 374 13 15