Mexique
07.08.25

Mexique : Une avocate autochtone amuzga et défenseuse des droits humains privée de liberté pour avoir participé à plusieurs mouvements sociaux

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Kenia Inés Hernández Montalván est une avocate et défenseuse des droits humains autochtone amuzga de descendance afro-mexicaine, et mère de deux enfants qui est injustement privée de liberté depuis plus de quatre ans. Après avoir pris conscience des inégalités auxquelles étaient confrontées les femmes de sa communauté, elle a décidé d'étudier le droit afin de les soutenir, se consacrant à la défense du territoire dans l'État de Guerrero, à la défense des femmes victimes de violences sexistes et à la cause des prisonniers politiques. Kenia a cofondé le Mouvement pour la liberté des prisonniers politiques du Guerrero (MOLPPEG) et fondé le collectif libertaire Zapata Vive, au sein duquel elle a travaillé avec des jeunes de la côte du Guerrero.

En raison de son travail de défense des droits humains, Kenia a reçu plusieurs menaces, certaines provenant de groupes armés de la région de Costa Chica, dans l'État de Guerrero, ce qui l'a contrainte à quitter son territoire en septembre 2019. Elle a alors bénéficié du Mécanisme de protection des défenseurs des droits humains et des journalistes jusqu'au moment où elle a été privée de liberté.


Persécution et arrestations à répétition

Le 7 juin 2020, Kenia Hernández a été arrêtée dans l'État de Mexico et accusée d'un crime de « vol avec violence », qu'elle n'a pas commis, dans le cadre d'une manifestation publique. Elle a ensuite été libérée avec une mesure préventive de présentation périodique.

Le 18 octobre 2020, elle a été arrêtée à nouveau, sans mandat et sans connaître les raisons de son arrestation, pour le crime présumé de « vol avec violence » dans le cadre d'une manifestation publique au péage de La Hortaliza, dans l'État de Mexico. Six jours après cette deuxième arrestation, un mandat d'arrêt a été exécuté pour le crime fédéral présumé d'« attaque contre les voies générales de communication » à Acapulco, dans l'État de Guerrero.

Au cours des années suivantes, la Police fédérale des routes et des ponts (CAPUFE), une entité décentralisée du ministère des Communications et des Transports du gouvernement mexicain, l'a inculpée et, par conséquent, a engagé plusieurs autres poursuites pour le même délit, ce qui l'a conduite à faire actuellement face à neuf procès pour un délit systématiquement utilisé au Mexique pour criminaliser la protestation.

Les poursuites pénales engagées contre elle ont toutes en commun le fait que les accusations, quel que soit le crime reproché, sont liées à des actes de protestation et à des manifestations publiques.


Historique de mauvais traitements

Au cours de ces quatre années, Kenia a été incarcérée dans quatre prisons différentes dans l'État de Mexico et au Centro Federal Femenil de Reinserción Social 16 (CEFERESO Nº 16 à Morelos), cette dernière étant une prison de sécurité maximale, où elle a mené deux grèves de la faim pour demander l'amélioration de ses conditions de détention, car la prison impose des conditions contraires aux Règles minima des Nations Unies pour le traitement des détenus (Règles Nelson Mandela), et où, depuis 2022, 19 décès en détention ont été enregistrés dans ce CEFERESO.

En janvier 2024, elle a été transférée à la prison d'Ecatepec, dans l'État de Mexico, pour des raisons familiales, après une longue insistance de la part de son équipe juridique et de sa famille. Cependant, le 30 mai 2024, elle a été agressée physiquement par des détenues de cette prison, raison pour laquelle elle a été transférée, afin de protéger son intégrité physique, à la prison Nezahualcóyotl Sur, dans l'État de Mexico, où elle est actuellement détenue.


Une affaire d’injustice

Le cas de Kenia Hernández illustre bien le harcèlement dont sont victimes les défenseur.e.s des droits humains au Mexique, caractérisé par l'utilisation abusive du droit pénal pour poursuivre les défenseur.e.s des droits humains, ainsi que par la criminalisation de la contestation sociale. De plus, la procédure judiciaire engagée contre Kenia Hernández a été entachée d'irrégularités. Par exemple, elle s'est vu refuser le droit d'assister en personne à ses audiences, le droit à l'interprétation en langue amuzgo, et sa famille s'est vu interdire à plusieurs reprises de lui rendre visite.

« Pendant la période où j'ai été privée de ma liberté, j'ai été victime de mauvais traitements, de discrimination et de violences physiques et psychologiques », s'est plainte Kenia devant le Conseil des droits de l'homme en septembre 2024.

C'est pourquoi nous demandons que tous les dossiers soient regroupés afin de parvenir à un accord de réparation qui permettra sa libération, tout en garantissant sa sécurité et son intégrité physique ainsi que le bien-être psychologique de la défenseuse et de sa famille.

Joignez-vous à nous pour demander la libération de Kenia Inés Hernández Montalván !