Nicaragua : Quatre leaders et forestiers mayangnas emprisonnés pour avoir défendu et protégé leurs terres ancestrales

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Ignacio Celso Lino, Argüello Celso Lino, Donald Andrés Bruno Arcángel et Dionisio Robins Zacarías n’ont pas seulement comme point commun leurs origines indigènes en tant que membres du peuple mayangna, mais aussi un engagement fort pour la défense de leur territoire ancestral. Avant leur détention arbitraire en 2021, les quatre nicaraguayens étaient des leaders et gardes forestiers bénevoles dans la communauté de Mayangna Sauni As sur la côte caribéenne du Nicaragua. Leur travail était vital dans la protection de la forêt et de la Terre Mère face à la montée de menaces externes.
Les communautés indigènes au Nicaragua font face à une situation difficile du fait de l’invasion de colons non-indigènes. Leurs terres ont été envahies par des groupes criminels formées principalement d’ex-militaires démobilisés de l’Exécutif, et de la résistance nicaraguayenne des années 1980, invasions soutenues par l’Etat.
L’attaque de la mine de Kiwakumbaih
C’est dans ce contexte que le 23 août 2021, un groupe d’hommes armés encerclèrent la mine de Kiwakumbaih et commencèrent à attaquer les 37 personnes indigènes Miskitu et Mayangans qui travaillaient dans la zone. Lors du massacre, plusieurs d’entre-elles furent tuées et quelques femmes ont été violées.
Malgré le fait que les victimes avaient signalé à plusieurs reprises que le massacre avait été perpétué par un groupe d’hommes non-indigènes, la Police nationale a désigné pour responsable 14 membres du peuple indigène mayangna. Une grande partie d’entre eux sont des gardes forestiers bénévoles et défenseurs des terres indigènes, parmi lesquels on retrouve les frères Celso Lino, Mr. Bruno Arcángel et Mr. Robins Zacarías.
Les détentions des quatre défenseurs ont été effectuées sans mandat au moment de leur arrestation, et les détenus n'ont pas été informés de la raison de leur arrestation, ni de leur droit de recourir à un avocat ou à un interprète, étant donné que leur langue maternelle n'est pas l'espagnol.
Disparition forcée et détention arbitraire
Après avoir disparu pendant plusieurs mois, ils ont été condamnés le 18 février 2022 à la prison à vie par les autorités nicaraguayennes qui, avant de les condamner, ont présenté les dirigeants indigènes lors d'une conférence de presse nationale « comme les auteurs matériels et intellectuels des crimes... », violant ainsi leur présomption d'innocence.
Aujourd’hui les défenseurs sont toujours arbitrairement détenus au Centre Pénitentiaire de Jorge Navarro”, connu aussi sous le nom de “La Modelo”. Ils se trouvent dans une situation grave et risque de subir des dommages irréparables à leur intégrité physique et mentale, leurs vies sont menacées. Depuis leur arrivée dans le système pénitentiaire en décembre 2021, ils ont été détenus au secret, enchaînés pendant de longues périodes dans des conditions inhumaines et dégradantes, victimes de tortures, de traitements cruels et de menaces qui ont conduit à des agressions physiques et sexuelles. On leur a refusé des soins médicaux, malgré leur état de santé extrêmement fragile. De plus, les gardiens et les autres détenus - les prisonniers de droit commun - les maltraitent lorsqu'ils s'expriment entre eux en langue mayangna.
Intervention des Mécanismes internationaux
La Commission interaméricaine des droits de l’Homme (CIDH), a accordé, par le biais de la Résolution 20/23 publiée le 13 avril 2023, des mesures de précautions aux quatre leaders ; néanmoins l’Etat n’a mis en place aucune mesure de protection en leur faveur.
Le 27 juin 2023 la Cour interaméricaine des droits de l’Homme (Cour de la CIDH) a ordonné à l’Etat nicaraguayen de les libérer avant le 10 juillet 2023, mais le régime a ignoré l’ordre de la Cour de la CIDH. De plus, le 30 août 2024, le groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a rendu son Avis 30/2024 indiquant que l’Etat nicaraguayen devait, entre autres choses, libérer et offrir une compensation financière aux quatre autorités TMSA et gardes forestiers communautaires.
Joignez-vous à nous pour demander la libération de Ignacio Celso Lino, Argüello Celso Lino, Donald Andrés Bruno Arcángel et Dionisio Robins Zacarías !
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