Répression de la Gen Z au Togo : 48 activistes doivent être libéré.es de toute urgence

Lomé-Genève, 22 octobre 2025 : Depuis le 5 juin 2025, au moins 133 jeunes activistes togolais.es s'étant exprimé.es ou réuni.es pacifiquement pour porter des revendications citoyennes ont été arrêté·es arbitrairement - dont 48 sont toujours en détention. Vingt organisations de la société civile internationales, régionales et nationales exigent aujourd’hui leur libération immédiate et inconditionnelle et expriment leurs vives préoccupations quant à la fermeture de l’espace civique au Togo depuis l'avènement de la Ve République.
Officialisée le 3 mai 2025, la Ve République a permis à Faure Gnassingbé, l’ancien Président de la République qui achevait son 4e quinquennat le même jour, de devenir “Président du Conseil des ministres”, poste sans limite de mandats ni de pouvoirs. Les contestations de ce changement de régime par l’opposition et la société civile ont été muselées par l’interdiction de toute manifestation, et l’intimidation et la détention de celles et ceux ayant osé prendre la parole. C’est la détention incommunicado et les actes de torture à l’encontre de l’artiste engagé et cyberactiviste “Aamron” le 28 mai 2025, en représailles à ses prises de parole critique du gouvernement sur les réseaux sociaux, qui symbolisera le début du soulèvement de la jeunesse togolaise en quête de justice sociale et de dignité.
Les 5 et 6 juin, puis le 26, 27 et 28 juin 2025, des centaines de jeunes togolais.es sont sorti.es dans la rue pour exprimer leur mécontentement. Ces manifestations pacifiques ont été très violement réprimées, le Groupe d’intervention judiciaire Afrique de l’OMCT dénombrera au moins 5 exécutions extrajudiciaires, 21 cas de torture et 105 arrestations arbitraires - dont 18 ont été condamnés à 12 mois de prison (avec 11 mois assortis de sursis), ravivant le douloureux souvenir de la répression sanglante des manifestations de 2017 au Togo.
Depuis ces manifestations, les autorités togolaises se sont attelées à prévenir et punir l’expression de toute voix dissidente, et en particulier celle de la Génération Z : accès aux réseaux sociaux restreint et limitation d’internet, criminalisation des likes sur ces plateformes par le Procureur près le Tribunal de Grande instance de Lomé alors que le Code pénal togolais ne le prévoit pas, interdiction et répression des tentatives de manifestations, et chasse aux jeunes activistes, notamment par l'infiltration des comptes Whatsapp de leurs proches. Les vingt organisations signataires ont en effet comptabilisé au moins 133 disparitions forcées de courte durée et arrestations arbitraires d’activistes entre le début des manifestations et jusqu’à la date de publication de cette déclaration, en plus du harcèlement judiciaire, des menaces et intimidations que ces dernier.es subissent au quotidien. Parmi les méthodes illégales d’appréhension de ces jeunes activistes figurent le refus de présentation d’un mandat d’arrêt et de communication des motifs de l'arrestation. Plusieurs activistes ont rapporté avoir subi des actes de torture et mauvais traitements - dont des violences sexuelles, lors de leur garde-à-vue, avoir été confronté à des refus d’accès aux soins et de visites de leur avocat et famille, ou encore avoir été empêché d’informer leurs proches de leur détention.
Malgré les multiples dénonciations de la société civile et des procédures spéciales des Nations Unies depuis le début de l’année, le Togo n’a pris aucune mesure pour libérer les défenseur.es arbitrairement détenu.es, ouvrir des enquêtes indépendantes sur les violations de leurs droits, répondre aux revendications sociales des citoyen.nes, ou encore garantir leur libre participation à la vie sociale, économique et politique du pays, pourtant essentielle à la paix et la démocratie comme le rappelait M. Faure Gnassingbé lui-même lors du Lomé Peace and Security Forum II.
Les organisations signataires condamnent ainsi fermement la criminalisation des jeunes activistes et exige leur libération immédiate et inconditionnelle, conformément aux obligations nationales, régionales et internationales relatives aux libertés d’expression et de réunion auxquelles le Togo s’est engagées, en particulier aux articles 5 et 9 de la partie annexe de la nouvelle Constitution togolaise, aux articles 9 et 10 de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et aux articles 19 et 22 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques des Nations Unies.

Signataires :
Organisation mondiale contre la torture (OMCT), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur·e·s des droits humains
Fédération internationale pour les droits humains (FIDH), dans le cadre de l’Observatoire pour la protection des défenseur·e·s des droits humains
Synergie des Élèves et Étudiants du Togo (SEET)
Katutu civil rights center
International Rehabilitation Council for Torture victims (IRCT)
Tournons La Page Togo (TLP Togo)
Front Citoyen Togo Debout
Novation Internationale
Centre de Documentation et de Formation sur les Droits de l’Homme (CDFDH)
ACAT Togo
Coalition Togolaise des Défenseurs des Droits Humains (CTDDH)
Institut des Médias pour la Démocratie et les Droits de l’Homme (IM2DH)
Front Line Defenders (FLD)
Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO)
Réseau Ouest Africain des Défenseurs des Droits Humains (ROADDH/WAHRDN)
Tournons La Page (TLP)
Tournons La Page Bénin (TLP Bénin)
Justice pour les prisonniers politiques et les prisonniers de liberté publiques (JPP/JPLP)
Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH)
Tchala Lao-Dja Songdou Kibalo (frère d’Aamron)

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