Burundi
26.11.20
Rapports

Burundi : Anésie, une tragédie familiale

Anesie Nivyabandi 05

Anésie* avait 18 ans lorsque le Burundi a été plongé dans la violence. Au printemps 2015, des manifestations de grande ampleur ont éclaté pour protester contre le fait que le président Pierre Nkurunziza briguait un troisième mandat, une décision largement considérée comme une violation de la Constitution. La répression qui a suivi a conduit des dizaines de milliers de personnes à fuir le pays, tandis que des centaines étaient arrêtées. Il y a eu de nombreuses allégations de passages à tabac et d'autres violations graves des droits humains, y compris des disparitions forcées et des viols.

L’une des victimes était le père d’Anésie. Membre d'un parti d'opposition, il a été enlevé et tué au début des manifestations. Quelques semaines plus tard, des policiers ont enlevé Anésie à son retour du lycée. Ils étaient sous le commandement d’un haut gradé de la police et l'ont transportée dans une voiture vers une destination inconnue. Avant de subir un viol collectif, elle a reconnu parmi eux le même homme qui, selon elle, était derrière la mort de son père. Elle se souvient que les policiers ont voulu la tuer et qu'elle doit sa vie à l'insistance de l'un d'entre eux pour qu'elle soit libérée.

Par la suite, lorsque les médecins lui ont dit qu'elle était enceinte, Anésie a tenté de se suicider en prenant du poison. Sa famille l'a envoyée à l'étranger, avec sa mère, elle-même victime de viol, pour leur propre sécurité. Faute de moyens financiers, Anésie a dû abandonner ses études. Elle travaille pour pouvoir subvenir aux besoins de sa fille de trois ans.

Anésie a accepté de raconter ce qu’il lui est arrivé, avec l’espoir « que justice soit rendue, et que mes bourreaux soient condamnés ». Pour que le cycle de la violence soit enfin brisé.


*Prénom fictif
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