Rapport annuel 2020
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Violences policières

En 2020, l’urgence du Covid-19 a exacerbé les pratiques arbitraires et autoritaires des forces de l’ordre, notamment lors de l’application de mesures liées au couvre-feu, au confinement ou en lien avec la santé publique. Les abus commis par les forces de l’ordre ont touché et ciblé de manière disproportionnée les personnes pauvres et défavorisées, ainsi que les personnes appartenant à certains groupes raciaux et ethniques, déjà victimes de discrimination historique.

Dans bon nombre de cas, l’interdiction absolue de la torture et d’autres mauvais traitements n’a pas été respectée. Le meurtre illégal de George Floyd à Minneapolis, aux États-Unis, a déclenché une vague de protestation en soutien au mouvement Black Lives Matter. Plusieurs membres de familles de victimes de meurtres commis par la police et organisations de la société civile du monde entier ont lancé un appel au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies afin qu’il ordonne une enquête indépendante sur l’histoire récente des pratiques policières à caractère raciste aux États-Unis et les allégations de brutalités policières généralisées lors de la répression des protestations au niveau national.

En 2019, la tendance à l’usage abusif de la force a commencé à faire son apparition en Amérique latine et s’est accentuée en 2020.

Le mouvement a ensuite lancé plusieurs appels en faveur d’une réforme des unités de police, connues pour leurs pratiques abusives systématiques. Au Nigeria, la campagne #ENDSARS a permis d’impulser plusieurs réformes visant à bannir la torture des structures policières, grâce notamment à la dissolution des Brigades spéciales de lutte contre le banditisme (SARS), comme l’avaient réclamé l’OMCT et l’Action pour la réhabilitation et le bien-être des détenus (PRAWA) en octobre 2020.

L’OMCT et le Centre bélarusse des droits humains Viasna ont joué un rôle essentiel dans le processus de documentation d’une politique délibérée de cruauté et de torture menée à l’encontre de manifestants pacifiques au lendemain des élections présidentielles du 9 août 2020 au Bélarus. On estime qu’environ 2.000 personnes ont été soumises à de la torture et à d’autres mauvais traitements pendant et après une vague d’arrestations violentes, arbitraires et sans discernement, sans aucune considération pour la procédure officielle. L’ampleur de ces violations des droits humains était telle qu’elles s’apparentaient à des crimes contre l’humanité.

En 2019, la tendance à l’usage abusif de la force a commencé à faire son apparition en Amérique latine et s’est accentuée en 2020. Un rapport publié par l’OMCT et la Coalition colombienne contre la torture (CCCT) en juin 2020, intitulé “Mouvements de contestation sociale et usage excessif de la force en Colombie: une analyse à travers le prisme de l’interdiction de la torture”, (en ES) a documenté les détentions arbitraires massives et l’usage excessif de la force, y compris d’armes à feu et d’armes à létalité réduite, pendant l’application des mesures sanitaires et à l’encontre des manifestant·e·s, notamment lors de la grève nationale de 2019.

Plusieurs actions légales menées par les membres du Réseau SOS-Torture en Colombie ont contribué à la décision historique prise par la Cour Suprême, qui a enjoint les autorités à protéger les manifestant·e·s et le droit de réunion pacifique. Au Chili, le rapport de la Mission d’observation internationale, publié en janvier 2020, a mis en exergue de graves violations des droits humains commises dans le cadre des manifestations amorcées en octobre 2019, notamment le meurtre de 27 personnes et l’usage volontaire de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogène ayant provoqué la cécité de 360 personnes.

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